Noémie Sylberg, veuve : "Huit mois de souffrance, c’est affreusement long. À ce moment-là, on se sent tellement impuissant...""

Viols, agressions, deuils insurmontables, accidents de la vie : dans "Trauma", anonymes et célébrités reviennent pour Yahoo sur un traumatisme qui a bouleversé leur vie.

Noémie Sylberg est devenue veuve à l’âge de 39 ans, une douloureuse épreuve qu’elle aborde sans tabou dans son livre "Vivre après Marc", paru le 25 janvier aux éditions Hermann. Pour Yahoo, la mère de famille a accepté de se livrer sur cette période de sa vie, revenant notamment sur la manière dont elle est parvenue à faire son deuil.

Personne n’y est préparé et pourtant, tout individu devra malheureusement y faire face un jour ou l’autre. Noémie, elle, l’a été bien trop tôt. Devenue veuve à l’âge de 39 ans, cette mère de famille a perdu son mari d’un cancer foudroyant. Dans son livre "Vivre après Marc", paru le 25 janvier dernier aux éditions Hermann, elle y raconte son histoire, le combat contre la maladie et les différentes épreuves qu’elle et ses enfants ont dû traverser. (Retrouvez l’intégralité de l’interview en fin d’article)

Si l’année 2020 a été marquée par une pandémie sans précédent, elle l’a aussi été d’une toute autre manière pour Noémie. Nous sommes en janvier 2020 et Marc, son mari, souffre de douleurs aux intestins et se plaint d’une douleur aiguë au poignet. La souffrance est telle qu’il finit par se rendre aux urgences où le couperet tombe, c’est une septicémie. Un choc pour le père de famille qui envisage déjà le pire. "Il commence à me donner ses dernières volontés", se rappelle-t-elle avec émotion.

Marc se fait opérer et en ressort vivant. Nous sommes en pleine période de confinement et le père de famille se sent fatigué physiquement et psychologiquement. À son grand désarroi, les ennuis continuent. Il commence à ressentir des douleurs en mangeant, au niveau de l’estomac. Il se fait bilanter et les résultats ne sont pas bons. Il passe un scanner, une fibroscopie et doit à nouveau faire face à une mauvaise nouvelle. Des métastases au niveau de son foie sont visibles. "Le cancérologue me fait savoir qu’il ne peut pas guérir. Qu’au mieux, sa durée de vie sera prolongée si le traitement fonctionne", explique-t-elle.

VIDÉO - "Quand je rentre dans la chambre, je m’aperçois tout de suite qu’il est mort"

Sentant son heure venir, Marc fait tout pour tenir jusqu’à l’anniversaire de son fils, Adam, le 17 juin. "Huit mois de souffrance, c’est affreusement long. À ce moment-là, on se sent tellement impuissant qu’on a envie que ça aille vite", se rappelle-t-elle. Progressivement, Marc tombe dans le coma. Sa femme le rassure comme elle peut. "Tu peux y aller. Je suis là, ça va bien se passer. Tu peux avoir confiance en moi. Va te reposer, occupe-toi de toi", lui murmure-elle à l’oreille, expliquant ne pas l’avoir quitté des yeux pendant deux jours. Une épreuve difficile à surmonter qui lui donne envie d’écrire sans s’arrêter.

Avant qu’il ne ferme les yeux pour toujours, Noémie souhaite que ses enfants puissent lui dire au revoir. Ils ont à ce moment-là trois et cinq ans. Mais il est malheureusement trop tard. Marc a déjà rejoint les cieux. "Je ne pouvais pas faillir à ma promesse. Je fais venir les enfants, j’éteins la lumière pour ne pas qu’ils se rendent compte qu’il est mort", confie-t-elle expliquant qu’ils avaient pu passer un dernier moment avec lui comme elle le voulait. "C’était important. Il fallait commencer le deuil". Mais pas question de rendre le moment encore plus tragique. Noémie leur promet qu’ils continueront à être heureux et à être bercés par leur amour à tous les deux.

VIDÉO - "Avant de mourir, il donne aux enfants une lettre dans laquelle il leur insuffle les clés du bonheur"

Pour continuer à être présent dans la vie de ses enfants, et contribuer à leur éducation depuis l’au-delà, Marc décide, avant sa mort, de leur écrire une lettre dans laquelle il leur insuffle les clés du bonheur. Il leur écrit tout ce qui, pour lui, semble important dans la vie. "Au mois de décembre dernier, j’ai estimé qu’il était temps de commencer à leur lire. Depuis sa mort, chaque soir, les enfants me demandent de leur raconter une histoire de papa."

Pour elle, l’important était surtout de ne pas rendre tabou la mort de son mari auprès de ses enfants. "Leur père est mort, ce n’est pas une honte. Ils n’ont pas de chance mais il leur a transmis plein de choses. Je les élève en leur disant qu’il vit à travers nous, qu’il nous regarde, qu’il nous entend, qu’il nous guide, qu’il est fier de nous", a-t-elle confié précisant qu’il n’y avait pas un jour qui passe sans qu’ils ne fassent référence à lui.

VIDÉO - "Il n’est plus là mais il n’est pas mort"

Comme elle l’explique, écrire un livre a été une sorte d’exutoire. Sa publication a marqué la fin de son deuil qu’elle avait commencé il y a maintenant deux ans et demi. "Aujourd’hui, je vais bien. Pour moi, Marc n’est pas mort. Et en en parlant, c’est ma manière de le faire vivre, je comble mon vide de cette manière-là", admet-t-elle tout en confiant parler de Marc à ses enfants "toujours spontanément et de façon joyeuse"."On regarde beaucoup de photos, on a plein de vidéos de lui très rigolotes."

VIDÉO - "J’ai envie de rencontrer quelqu’un, je suis droite dans mes bottes, je n’ai pas de culpabilité"

Malgré le chagrin, Noémie n’a pas tiré un trait sur sa vie de femme. Comme elle l’explique, elle a eu envie de faire de nouvelles rencontres un an et demi après la mort de son mari. "Il voulait que je sois heureuse. Je n’ai pas du tout de culpabilité vis-à-vis de ça. Je suis droite dans mes bottes".

Avec délicatesse, elle en parle donc à ses enfants et leur fait comprendre son besoin. "Je leur ai dit que j’avais envie d’être amoureuse de nouveau, que leur papa serait toujours leur papa mais que ça ne m’empêchait pas d’avoir des prétendants". Un message qui semble avoir été compris et approuvé puisqu’ils se mettent en quête de l'amoureux idéal pour leur maman, regardant les passants dans la rue pour essayer de lui trouver quelqu’un. "C’était plutôt rigolo."

"Je les ai progressivement amenés à cette idée pour que, le moment venu, les choses se fassent sans traumatisme ou sans rancœur à mon égard. Si on leur explique ce qui va se produire sans les brutaliser, ça se passe très bien", rappelle-t-elle.

Regardez en intégralité l'interview de Noémie Sylberg