Nicolas Sarkozy défend la Coupe du monde au Qatar

L’ancien président de la République estime que le football n’appartient pas aux « Occidentaux, qu’ils soient français, anglais, italiens ou américains. »

POLITIQUE - Ils ne sont pas nombreux à tenir un tel discours : Nicolas Sarkozy prend la parole, ce dimanche 23 octobre, dans les colonnes du JDD, pour donner ses conseils sur la vie politique française, de la réforme des retraites à la lutte contre la délinquance, et aussi défendre l’organisation de la coupe du monde au Qatar.

Une position singulière, à l’heure où de nombreux responsables politiques dénoncent « un Mondial de la honte » doublé d’un désastre écologique et humain… Plus de dix ans après que le choix a été validé. L’ancien chef de l’État, dont le rôle dans l’attribution de cette compétition à la monarchie ultraréactionnaire a récemment été interrogé par des enquêtes de France 2 et de Mediapart, lui, ne voit pas de problème. Au contraire.

« Le football est un sport universel et chaque région du monde doit pouvoir organiser une compétition internationale », explique ainsi l’ancien locataire de l’Élysée qui siège aujourd’hui au conseil d’administration d’Accor dont le Qatar est actionnaire. Pour celui qui fréquente assidûment les matches du PSG (propriété de l’émirat), le ballon rond « n’appartient pas qu’aux Occidentaux, qu’ils soient français, anglais, italiens ou américains. »

Nicolas Sarkozy et l’hypocrisie des maires, dont Anne Hidalgo

« J’observe que tous les pays qui ont organisé des événements internationaux majeurs ces dernières années ont fait l’objet de multiples polémiques : la Chine, la Russie, le Brésil, aujourd’hui le Qatar », constate encore Nicolas Sarkozy, dans une forme de regret. Pour lui, « nous devrions donner à chacun de ces pays hôtes la chance de démontrer son savoir-faire et attendre la façon dont se dérouleront ces événements avant de les juger. »

Dans ces conditions, l’ancien chef de l’État, plusieurs fois condamné par la justice, notamment pour le « financement illégal » de sa campagne présidentielle de 2012, ne comprend pas vraiment les maires qui décident de boycotter l’événement. Ils sont nombreux, de Paris à Marseille en passant par Lyon, à avoir annoncé leur décision de ne pas faire la promotion de la compétition dans leur ville. Ni fan zone ni écrans géants. Une façon de dénoncer notamment la mort de 6 500 ouvriers (selon The Guardian) sur les chantiers de la coupe du monde, avant même que le Qatar déploie son « savoir-faire. »

Une décision « assez hypocrite », selon Nicolas Sarkozy, qui en profite pour cibler Anne Hidalgo, à travers cette polémique. « La mairie de Paris est, me semble-t-il, très satisfaite que les Qatariens possèdent et financent le club de la capitale. Ils ont raison. Mais cela me semble plus engageant que d’installer un écran géant… », cingle-t-il.

L’ancien président ne se prive pas de rappeler, d’ailleurs, que la vente des avions rafales au Qatar, vu, par certains comme la contrepartie au soutien de la France dans l’attribution du Mondial, a été conclue par son successeur à l’Élysée, le socialiste François Hollande. Et de souffler : « C’est qu’il a dû juger qu’il (le Qatar) était digne de confiance. »

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