Immigration, fin de vie, Depardieu... ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron

Sa réaction était attendue. Ce mercredi 20 décembre, le président de la République Emmanuel Macron a longuement été interrogé, depuis l'Élysée, dans l'émission C à vous sur France 5. La loi immigration, votée la veille à l'Assemblée, a occupé une grande partie de l'interview.

Mais d'autres thèmes comme la fin de vie, l'école, le cyberharcèlement ou la guerre entre Israël et le Hamas ont également été abordés durant plus de deux heures. Le chef de l'État a également été interrogé sur Gérard Depardieu. Voilà ce qu'il faut retenir de cette interview d'Emmanuel Macron.

• La loi immigration "utile pour le pays"

D'entrée, le président a affirmé que la loi sur l'immigration adoptée ce mardi par le Parlement constitue "un bouclier qui nous manquait".

Pour Emmanuel Macron, le projet de loi "est un texte qui reste utile", et certaines dispositions "même si elles ne plaisent pas, ne justifiaient pas de tout bloquer".

Le chef de l'État a ainsi considéré que la caution qui sera demandée aux étudiants étrangers n'était "pas une bonne idée", car "on a besoin de continuer à attirer des talents et des étudiants du monde entier".

• Le texte est une "défaite" pour le RN

Alors que l'adoption de ce texte controversé sur l'immigration, voté par la droite et l'extrême droite, a été qualifiée de "victoire idéologique" du Rassemblement national selon Marine Le Pen, le président a estimé qu'il n'était "pas vrai" que le texte comporte "des dispositions qui sont de nature Rassemblement national", précisant que la loi visait "très clairement" à décourager l'immigration clandestine.

Selon lui, le texte représente une réponse aux problèmes qui "nourrissent" les ambitions du Rassemblement national.

• Macron "assume prendre le temps" sur la fin de vie

Le projet de loi sur la fin de vie qui devait être présenté "avant l'été 2023" devant le Conseil des ministres a été reporté à plusieurs reprises. Il sera finalement présenté courant février 2024.

"J'assume de prendre le temps" sur ce sujet, a lancé le président, se disant "ému" par la lettre de François Hardy qui a indiqué vouloir bénéficier de l'aide active à mourir.

• Le harcèlement scolaire, une "horreur" qui "peut conduire au pire"

Alors que l'année a été marquée par plusieurs cas médiatiques de harcèlement scolaire, dont les différents ministres de l'Éducations se sont emparés, le président a voulu dénoncé "l'horreur" du phénomène.

"C’est la chasse en meute sur des détails, qui vous rendent malheureux et qui peuvent conduire au pire", a-t-il regretté.

À celles et ceux qui sont harcelés, le chef de l'État a voulu adresser un message: "Ceux qui les insultent ou les harcèlent, c'est eux le problème et c'est eux à qui on va continuer de s'attaquer." Un vaste de plan de lutte contre le harcèlement scolaire a été lancé à l'automne.

Emmanuel Macron a également réagi au cyberharcèlement subi par la nouvelle Miss France à cause de ses cheveux courts.

"C'est fou de penser que des gens peuvent avoir des discours de haine parce qu'on a les cheveux courts. Il y a des fadas quand même", s'est-il agacé.

• Le président répond aux critiques sur la laïcité

Après avoir été critiqué en allumant une bougie d'Hanouka à l'Élysée avec le grand rabbin de France, Emmanuel Macron s'est défendu.

"J'ai allumé la bougie du souvenir qui n'a aucun caractère religieux", a expliqué le président lors de cette cérémonie liée au prix annuel Lord Jakobovits de la Conférence des rabbins européens, qui salue la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses.

Le grand rabbin a pris l'initiative et a allumé les premières bougies d'Hanouka en ma présence", a encore avancé Emmanuel Macron, reconnaissant qu'il "savait qu'il serait épinglé".

"Est-ce que j'aurais dû bondir sur le grand rabbin? Non, bien sûr", a conclu le président.

Sur le même thème de la lutte contre l'antisémitisme, le chef de l'État a aussi réagi à une autre polémique: son absence lors de la grande marche contre l'antisémitisme organisée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.

Il a expliqué que ce n'était "pas sa place". "C'est donc ça son travail, d'aller marcher? Voilà ce qu'auraient pu se dire certains."

"Si je l’avais fait ensuite, on m’aurait demandé 'mais et alors le racisme c’est moins important que l’antisémitisme' pendant une autre manifestation. Pour un président de la République, il faut choisir son moment", s'est-il encore justifié.

• Éviter de "tout raser à Gaza"

Invité à s'exprimer à nouveau sur la position de la France concernant la guerre au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, le président a assuré qu'elle n'avait pas bougé.

"On a été vu comme les rares Occidentaux dans le monde arabe à dire que toutes les vies se valent", a avancé Emmanuel Macron.

"Initialement", la situation "est la faute du Hamas", a analysé Emmanuel Macron, tout en appelant Israël à cesser les bombardements sur la bande de Gaza "parce que toutes les vies se valent".

Le président français a par ailleurs affirmé que lutter contre le terrorisme ce n'est pas "tout raser à Gaza".

• Bientôt un pic de l'inflation

Sur le pouvoir d'achat des Français, Emmanuel Macron a assuré "la moitié" des Français ont "vu leur revenu suivre" la hausse des prix, en citant la revalorisation du SMIC indexé sur la hausse des prix ou les pensions de retraite.

Il a toutefois rassuré ses compatriotes en avançant que "les prix vont arrêter de monter". Avant de reconnaître: "Mais les prix ne vont pas revenir au niveau d'avant."

• Un "plan B" est bien prévu pour les JO

Alors que la cérémonie d'ouverture ambitieuse des Jeux olympiques de Paris interroge, le président a affirmé qu'elle aurait bien lieu sur la Seine et que "tout est fait" pour que le pays "soit prêt".

"Nous aurons des moments de beauté, d'art", notamment pour l'ouverture.

"Nous avons bien sûr un plan B", a défendu Emmanuel Macron, expliquant que la cérémonie pourrait avoir lieu ailleurs "en cas d'attentat deux semaines avant", alors que le président du parti Les Républicains Eric Ciotti avait récemment suggéré de renoncer à l'organiser sur la Seine, car la sécurité pourrait ne pas y être assurée.

• Gérard Depardieu "rend fier la France"

Depuis près de deux semaines, Gérard Depardieu est au coeur d'une polémique après des propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes et une enfant en Corée du Nord, révélés dans Complément d'enquête sur France 2.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a annoncé vendredi une procédure disciplinaire de l'ordre de la Légion d'honneur, pouvant aboutir à son retrait.

De son côté, le président a annoncé que la ministre s'était "un peu trop avancée". Selon lui, il n'est "pas là pour faire la morale" avant de dénoncer une "chasse à l'homme".

"Je suis un grand admirateur de Dépardieu, c'est un immense acteur, c'est un génie de son art complet, il a fait connaître la France dans le monde entier", a expliqué Emmanuel Macron.

Il a encore ajouté: "Il rend fier la France", regrettant qu'il y ait "parfois des emballements".

Gérard Depardieu est par ailleurs mis en examen depuis 2020 pour viols, après une plainte d'une comédienne, Charlotte Arnould, accusations qu'il réfute. Une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne Hélène Darras, pour des faits a priori prescrits, remontant à 2007 sur un tournage. L'acteur nie aussi ces accusations.

Article original publié sur BFMTV.com