“Nerds”, “geeks”, “wonks”… : la revanche des incompétents sociaux

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Fondé à Boston, aux États-Unis, en 1908, The Christian Science Monitor n’est plus imprimé quotidiennement depuis 2009 et se concentre sur son site Internet. Une version papier continue de paraître de façon hebdomadaire. Il est réputé pour sa couverture des affaires internationales et le sérieux de ses informations nationales.

Toutes les semaines, nous publions sa chronique “En un mot”, qui s’intéresse à “l’histoire, la puissance et la beauté du langage courant”.

Nerd with piles of books. . Photo HANNA WITTE/dpa/AFP
Nerd with piles of books. . Photo HANNA WITTE/dpa/AFP

L’année dernière, on m’a offert pour Noël une paire de chaussettes bleues, vertes et jaunes, dans des tons vifs, avec l’inscription “brave vieux nerd des mots”.

J’assume cette critique gentille.

Et si vous lisez régulièrement ma chronique, vous aussi vous êtes peut-être un brave vieux nerd des mots.

Le mot nerd est apparu assez récemment, en 1950, dans If I Ran the Zoo, un livre du Dr Seuss [non traduit en français].

Dans son sens actuel, d’après le [dictionnaire américain] Merriam-Webster, il désigne une personne “aux activités intellectuelles incessantes et bornées”.

La notion de “nerdité” a une longue histoire.

Traditionnellement, les grandes universités américaines et anglaises affublaient de termes de mépris ces bûcheurs qui menaient leurs études avec une application excessive : swot en Angleterre, grind aux États-Unis.

William Rainey Harper Memorial Library at the University of Chicago in Chicago, United States, on October 18, 2022.. Photo BEATA ZAWRZEL/NurPhoto/AFP
William Rainey Harper Memorial Library at the University of Chicago in Chicago, United States, on October 18, 2022.. Photo BEATA ZAWRZEL/NurPhoto/AFP

Le “geek”, un décapiteur de poulets vivants

Au-delà de cela, bookworm [rat de bibliothèque], egghead [crâne d’œuf, intello], wonk [bosseur] et bluestocking [bas-bleu, femme savante] ne sont pas non plus des termes admiratifs. Ils indiquent tous un goût exagéré pour l’étude.

Photo Carolina Grabowska/Pexels
Photo Carolina Grabowska/Pexels

Au lieu de cela, le gentleman’s C [note passable attribuée aux étudiants privilégiés, même s’ils n’ont pas de bons résultats] a toujours été le but recherché, et vous pouvez être sûr qu’un tel diplômé ne vous assommera pas pendant les soirées par son érudition excessive.

À l’origine, le mot geek désignait un acteur de carnaval qui par exemple décapitait à coups de dents des poulets vivants, et il a fini par désigner un intellectuel peu séduisant, avec une connotation légèrement différente d’enthousiasme excessif.

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