"Ne pas se laisser enfermer dans la technocratie": Raffarin met en garde Borne après sa nomination à Matignon

Jean-Pierre Raffarin le 17 mai 2022 sur BFMTV - BFMTV
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"La route est droite mais la pente est forte". Si Jean-Pierre Raffarin s'était approprié cet adage à son arrivée à Matignon en 2004 sous Jacques Chirac, l'ancien Premier ministre fait le même diagnostic le lendemain de la nomination d'Élisabeth Borne à la tête du gouvernement.

"Elle est au niveau de la fonction, elle en a les compétences, (...), c'est quelqu'un de solide. La question va être de ne pas se laisser enfermer dans la technocratie. Ça va être un mandat difficile, le président a dit que ce ne serait pas un mandat de continuité, il parle même de renaissance démocratique. On voit bien que la violence avance dans le pays et quand la violence avance, ça veut dire que la politique recule", avance l'ex-locataire de Matignon ce mardi sur BFMTV.

"Il doit partager le leadership"

Jean-Pierre Raffarin a appris à connaître la nouvelle Première ministre lorsqu'elle était préfète de Poitou-Charentes et qu'il dirigeait la Région. La mise en garde vaut également pour Emmanuel Macron qui, malgré sa large réélection, se trouve à la tête d'un pays plus fracturé que jamais, divisé entre le bloc d'extrême droite, le bloc de gauche et la majorité présidentielle.

876450610001_6306306319112 "Il a beaucoup d'atouts mais il ne peut pas être sur tous les dossiers ou alors il va s'user très vite et ça créé des phénomènes de rejet. Il doit faire preuve de sobriété, notamment dans la communication (...) Il doit partager le leadership. Il a un leadership exceptionnel à Bruxelles. Il doit le protèger. Mais comment on le protège? En créant des débats au Parlement qui ne peut pas seulement être une chambre d'enregistrement"", juge encore Jean-Pierre Raffarin sur notre antenne.

Le président de la République a, depuis sa réelection, envoyé des signaux contradictoires. Il a d'abord promis une "méthode refondée" de gouvernement pour faire la part belle aux élus locaux, aux corps intermédiaires et aux conférences citoyennes. Dans le même temps, les candidats de la majorité aux législatives ont dû s'engager dans une charte à voter en faveur de "tous les engagements de campagne d'Emmanuel Macron" à l'Assemblée nationale.

L'initiative vise à tuer dans l'œuf toute tentation de faire entendre d'autres sons de cloche que ceux du gouvernement mais pourrait empêcher les députés d'adapter les projets de loi aux remontées de terrain.

Article original publié sur BFMTV.com