"Nous n'avons que deux jours à vivre", la chronique de Teresa Cremisi sur Yann Moix

Mon fidèle lecteur du Sud-Ouest, s'étant convaincu que je fais partie (parce que éditrice, parisienne, que sais-je) de la célèbre famille germanopratine, m'a écrit une lettre furibarde et très confuse sur l'affaire Moix. Sa lettre est si riche d'interrogations et de reproches que j'ai mis deux jours à lui répondre ; elle touchait tous les thèmes abordés depuis trois semaines : haines familiales, art du demi-mensonge, fausses confessions, antisémitisme et racisme, philosémitisme poisseux, délation et contre-délation, névroses courroucées, arrivisme éhonté, agressivité fasciste, écrivains surestimés, protections mafieuses, pardons demandés ou exigés, lourdeur et mauvais goût, embrasement ­médiatique, télé-réalité grotesque.

Je lui ai ­répondu comme je pouvais, avec un maximum de prudence : l'affaire – bien que n'intéressant qu'un microcosme – est tentaculaire et difficile à affronter tout en gardant sa raison. Ma réponse n'était pas sans embarras parce que, même si je ne connais pas Moix, je connais presque tous ceux qui ont pris la parole pour le défendre ou l'accuser. Je connais ceux qui, comme on dit, font "partie du club".

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Les portables chauffent, les SMS fusent, les messages se ­superposent, les mails s'enrichissent de pièces jointes. Puis la fièvre retombe

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Ce qu'il y a de plus difficile dans la vie c'est de savoir oublier que l'on fait partie d'un club, d'une famille, d'une société. Il y a des moments où les liens amicaux et sociaux devraient être remisés dans un tiroi...


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