Nantes: Nicolas Pallois, le phénix jaune et vert

Nicolas Pallois a raté la rentrée des classes et c’est la deuxième fois que ça lui arrive. Rien à voir avec sa deuxième paternité qui vient de débuter. C’est sur le rectangle vert que le défenseur n’est pas apparu (16 minutes seulement) en septembre et octobre alors que Pierre Aristouy était à la tête du FC Nantes. L’ancien Girondin avait connu ça lors de sa deuxième saison en 2018 chez les Canaris sous la direction de la comète Miguel Cardoso. "J'aime bien les personnes vraies, entières et respectueuses, lui ne l'était pas", disait-il à l’époque. "Je lui ai dit, cela ne lui a pas plu."

Le Portugais était reparti après huit matchs et avec six points au compteur. Son successeur Vahid Halilhodzic avait vite réinstallé le géant chauve au cœur de son dispositif défensif. Jocelyn Gourvennec, qui avait connu Pallois à Bordeaux une saison en 2016-2017, a rapidement fait le même choix.

"Il a retrouvé de la fraîcheur", indique le technicien. "Peut-être parce que j'ai du vécu avec lui et je suis allé tout de suite toucher les points sensibles et lui permettre de se sentir mieux. Je le connais bien et donc je pense que ça lui a fait du bien tout de suite, de se sentir écouté, de se sentir en confiance. Parce qu'il savait aussi où il allait dans sa relation avec son coach. Il n’a pas joué tous les matchs mais quand il rentrait, il a toujours répondu présent. Il retrouve beaucoup de dynamisme et beaucoup de détermination aussi dans ce qu'il fait. Ça redevient un joueur très compétitif, quel que soit l'âge."

Un papy de la Ligue 1

Les années ne semblent d’ailleurs pas peser sur les épaules d’un des quatre plus vieux joueurs de champs du championnat (Dante, Ismaël Traoré et Kevin Gameiro sont plus âgés). À Nantes, Pallois a connu tous les statuts. Il est même élu au Comité social et économique du club en tant que représentant des joueurs. Chouchou des supporters, qui s’amusent de son style si particulier et de son allure de déménageur à l’opposé de sa personnalité discrète, l'arrière central a été titularisé lors des quatre dernières rencontres de Ligue 1.

Pallois profite aussi d’une organisation à cinq défenseurs qui lui correspond peut-être mieux. "Sans doute que le système lui fait du bien aussi", confirme le coach des Canaris. "Ça lui donne un peu plus d'assise et de confort aussi avec des partenaires autour de lui." Une vision confortée par son partenaire en défense, Jean-Charles Castelletto. "Nico c'est le meilleur quand il y a du monde autour de lui. Ça me fait plaisir qu'on puisse jouer dans cette compo. Quand il y a un peu trop d'espace on dit souvent que c’est un peu plus compliqué pour les joueurs de sa corpulence. Mais quand on est tous ensemble autour de lui, il fait des matchs comme il fait en ce moment donc je suis super content."

Plus que Touré, Makélélé ou Gillet

Le compteur de rencontres sous le maillot canari pourrait passer à 210 ce dimanche contre Metz (15h) pour le grand chauve. C’est plus que José Touré, Claude Makélélé ou Nicolas Gillet. D’ici la fin de saison, Pallois pourrait entrer dans le classement des 25 joueurs les plus utilisés à Nantes dans l’élite à quelques encablures des Philippe Gondet, Japhet N’Doram ou Stéphane Ziani. Une marque indélébile dans l’histoire du club mais le constat aussi que le style de jeu a changé. Gourvennec découvre la relation entretenue avec le public nantais.

"Sur les matchs à la Beaujoire, dès qu'il intervient dans son style caractéristique, avec beaucoup d'engagement, beaucoup de force, les gens aiment ça. Il a un jeu qui a une énergie communicative. Le public aime son côté atypique. Il a démarré menuisier avant d'être footballeur. Il a eu un des chemins de traverse pour y arriver. Je pense que c'est ça aussi qui plaît chez les gens, humainement."

En fin de contrat en juin prochain, Pallois ratera peut-être pour de bon la prochaine rentrée des Canaris. Pas certain pour autant qu’il sera encore l’heure de la retraite, des parties de pêche ou de cueillette de champignon que le garçon affectionne particulièrement. À la Beaujoire, Pallois n’aura sûrement jamais sa statue, même en bois, à côté de celle couleur or d’Henri Michel. Le discret Normand s’en soucie peu et les supporters nantais n’auront pas besoin de ça pour parler de lui encore dans de nombreuses années.

Article original publié sur RMC Sport