Nafissatou Dia Diouf : « Écrire l’Afrique, un acte de subversion ? »

Pour l'écrivaine Nafissatou Dia Diouf, le chemin d'écriture de et sur l'Afrique dit beaucoup de choses du rapport du continent avec le reste du monde.  - Credit:DR
Pour l'écrivaine Nafissatou Dia Diouf, le chemin d'écriture de et sur l'Afrique dit beaucoup de choses du rapport du continent avec le reste du monde. - Credit:DR

L'oralité a été le mode de transmission par essence pour la plupart des civilisations africaines, à travers les récits, contes et légendes à vocation mémorielle autant que pédagogique. Cette mémoire qui a traversé les millénaires a cependant été fragilisée par les colonisations et l'imposition de langues et de formes de récit étrangers.

À l'exception de quelques civilisations dont les élites maniaient l'écrit (Égypte, Éthiopie….), la production de savoirs empruntait des textualités alternatives, et ce, sur une pluralité de matériaux. Cette transmission a été fragilisée par fait colonial, islamique et européen, qui ont introduit une hiérarchisation, une relégation de l'oralité et parfois un bannissement de l'usage des langues vernaculaires au profit de la langue du dominant créant une véritable dichotomie entre moralité et culture de l'écrit et un rapport asymétrique entre l'un et l'autre

Avec l'arrivée des premiers lettrés dans la langue du colonisateur, on assiste à une volonté par les écrivains de captation de cette culture évanescente par la retranscription du patrimoine immatériel fragilisé. On peut citer les travaux de Djibril T. Niane avec Soundjata ou l'épopée mandingue, Birago Diop avec Les Contes d'Amadou Koumba, ou encore Amadou Hampâté Ba dans toute son œuvre.

Aujourd'hui, et c'est à regretter, ce patrimoine immatériel non sauvegardé disparaît, malgré les tentatives de l'Unesco, louables mais incomplètes par essence et qui tendent même à « garder s [...] Lire la suite