Ce n’est pas une fusée SpaceX qui s’est écrasée sur la Lune en mars 2022, mais un lanceur chinois

La face cachée de la Lune, avec la Terre lointaine en arrière-plan, est visible sur cette photo prise par le module en orbite autour de la Lune de la mission Chang’e 5-T1 en 2014.
Agence spatiale chinoise (CNSA) La face cachée de la Lune, avec la Terre lointaine en arrière-plan, est visible sur cette photo prise par le module en orbite autour de la Lune de la mission Chang’e 5-T1 en 2014.

ESPACE - Un mystérieux objet s’est écrasé sur la Lune en mars 2022, formant deux nouveaux cratères de 28 mètres de diamètre. Un crash qui n’est pas passé inaperçu au sein de la communauté scientifique, laquelle observait le corps flotter dans l’espace depuis un moment, mais qui laissait tout de même une question en suspens : quel était donc cet étrange objet ?

Une étude de l’Université d’Arizona publiée ce jeudi 16 novembre dans la revue The Planetary Science Journal vient de percer le mystère et de dévoiler le nom du coupable. Et alors que SpaceX avait longtemps été soupçonné, il s’agit en réalité du lanceur chinois Longue Marche 3C.

SpaceX accusé à tort

Lorsque les astronomes découvrent pour la première fois cet objet, qu’ils nomment WE0913A, ils envisagent immédiatement que celui-ci provienne d’un propulseur de la fusée Falcon 9, lancée en 2015 par SpaceX.

Afin d’en avoir le cœur net, une équipe de chercheurs analyse la manière dont l’objet se déplace dans l’espace et les signaux lumineux qui rebondissent sur sa surface. « Lorsque l’objet tourne, nous observons des variations dans la lumière qu’il reflète à mesure que la surface visible change », a depuis détaillé dans un communiqué Vishnu Reddy, professeur de sciences planétaires à l’Université d’Arizona et coauteur de l’étude.

Mais après plusieurs observations, ils finissent par désigner un autre coupable, qui ne serait autre que le booster chinois Longue Marche 3C, lancé en 2014 lors de la mission test Chang’e 5-T1. En effet, alors que l’agence spatiale chinoise a toujours affirmé que le propulseur de la fusée avait brûlé lors de son retour dans l’atmosphère terrestre, le commandement spatial américain assure au contraire que le troisième étage de la fusée n’est jamais revenu vers la Terre.

Un mystère peut en cacher un autre

Mais si les regards se tournent désormais vers le lanceur chinois, les scientifiques n’arrivent toujours pas expliquer la présence de deux cratères sur le sol lunaire. D’autant qu’en comparant via des simulations par ordinateur l’évolution de la luminosité de WE0913A avec des milliers d’autres hypothétiques objets flottant dans l’espace, les scientifiques ont détecté une chose inhabituelle.

Photo prise par la sonde spatiale de la Nasa « Lunar Reconnaissance Orbiter » montrant les deux cratères laissés par le crash de WE0913A.
NASA/GSFC/Arizona State University Photo prise par la sonde spatiale de la Nasa « Lunar Reconnaissance Orbiter » montrant les deux cratères laissés par le crash de WE0913A.

« Un objet qui est dans l’espace depuis aussi longtemps est soumis aux forces de la gravité terrestre et lunaire, et à la lumière du soleil », explique Tanner Campbell, auteur principal de l’étude. « On s’attendrait donc à ce qu’il vacille un peu, surtout si l’on considère que le corps de la fusée est une grosse coque vide avec un moteur lourd d’un côté. Mais celui-ci ne faisait que basculer d’un bout à l’autre de manière très stable. »

L’hypothèse émise par l’équipe de chercheurs est que les 540 kg que pèsent les deux moteurs du propulseur chinois devaient être contrebalancés par un autre objet fixé à l’autre bout de celui-ci. Ceci permettrait d’expliquer la présence de deux cratères sur la Lune, chacun ayant été causé par l’un des poids.

« C’est la première fois que nous voyons un double cratère », explique encore Tanner Campbell. « Nous savons que dans le cas de Chang’e 5-T1, son impact s’est fait presque directement vers le bas, et pour obtenir ces deux cratères à peu près de la même taille, il faut deux masses à peu près égales et éloignées l’une de l’autre. »

Reste tout de même à savoir à quoi correspond cette hypothétique masse située à l’autre bout du lanceur. « Nous ne le saurons probablement jamais », indique Tanner Campbell. La preuve que le crash de mars 2022 sur la Lune devrait conserver encore un certain temps une part de mystère.

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