«Il n’y a pas de contrat entre la vie et vous, on n’a rien signé»

Ecrire Pastorale américaine m’a donné l’impression de retrouver la lumière du jour, d’avancer librement, toute tragique que soit l’intrigue. J’ai pu recommencer à imaginer, l’énergie verbale est revenue sous une autre forme. En 1963 j’avais 30 ans. […] Dans la décennie 63-73, on sentait chaque jour que quelque chose se passait, pas dans votre vie personnelle, mais dans le monde «public». Une sorte d’investissement très différent de celui qu’on avait habituellement avec sa famille, ses amis, le travail, l’argent, etc. On était arraché à cela et on se sentait citoyen. […]

Vous sentez-vous une âme d’historien ?

Non, je ne me suis jamais autant senti romancier qu’aujourd’hui. Le contexte historique est devenu plus important pour moi parce que je suis plus vieux. Je viens de finir un livre qui sera je pense le dernier de cette trilogie, Pastorale américaine, J’ai épousé un communiste et la Tache. En gros, j’ai essayé d’y parler des années 90, d’utiliser le contexte historique de la même façon : que la vie des personnages soit profondément envahie par ce qui se passe dans le pays, mais pas parce qu’ils en seraient les acteurs principaux. La Tache, c’est un homme qui est pris dans les contre-courants moraux des années 90, dont le modèle est l’histoire Clinton-Lewinsky. Une fois que la mise au jour du privé est faite, la guerre commence entre les idéologues puritains et ceux du laisser-faire. Puis c’est la dénonciation et la purification : l’impeachment. Il faut repousser la tache à l’extérieur. C’est un des thèmes de la littérature américaine, qui s’exprime au XIXe dans deux grands livres, Moby Dick et la Lettre écarlate, mais je crois qu’aux Etats-Unis, ces trois dernières années, c’est devenu aussi important culturellement que le maccarthysme ou le Watergate. Il y a eu une sorte d’épanchement du public dans le privé, un épanchement de la morale, des rituels de dénonciation et de purification.

«Il n’y a rien qui tienne ses promesses» : ces mots du Théâtre de Sabbath (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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«Tous les jours, je suis stupéfait de me voir vieillir»
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