Nétanyahou suspend sa réforme judiciaire, “mieux vaut tard que jamais”

“Mieux vaut tard que jamais”, commente un éditorial sévère du Jerusalem Post. Après des semaines de manifestations, après la rébellion de son ministre de la Défense, après une nuit tendue dans le pays, Benyamin Nétanyahou a annoncé lundi qu’il suspendait le vote sur son projet très contesté de réforme judiciaire. Le texte réduirait les pouvoirs de la Cour suprême au profit du politique. Les discussions reprendront après Pessa’h, la Pâque juive, fin avril.

“Quand il y a une opportunité d’éviter la guerre civile par le dialogue, en tant que Premier ministre, je fais une pause pour laisser le temps au dialogue”, a-t-il déclaré à la télévision alors que l’opposition à son projet est montée d’un cran après le limogeage dimanche de Yoav Gallant, le ministre de la Défense. Histadrut, le premier syndicat du pays, a appelé ses 800 000 adhérents à la grève générale. Aucun avion n’a pu décoller de l’aéroport international David Ben Gourion à Tel-Aviv lundi. Universités et grands magasins sont restés fermés.

S’il a donc cédé, M. Nétanyahou a toutefois critiqué les réservistes qui envisageraient de ne plus rejoindre l’armée en signe de protestation contre la réforme. “Un crime terrible”, selon lui.

“Après trois mois de pression incessante, le plus grand mouvement de protestation dans l’histoire d’Israël a accompli son objectif”, observe The Guardian. Lundi après-midi, 100 000 personnes manifestaient bruyamment devant la Knesset avec des casseroles, décrit le quotidien, pour qui ces “manifestations, qui ont commencé dans le centre de Tel-Aviv lors de samedi soirs froids et pluvieux en janvier, ont évolué vers un mouvement de masse encore jamais vu en Israël”.

La Maison-Blanche, qui s’était dite “profondément préoccupée” la veille, a salué lundi la pause et renouvelé son appel à un compromis le plus rapidement possible, rapporte The Washington Post.

“Le combat est loin d’être terminé”

“Cela suffira-t-il aux manifestants ?” se demande CNN. Le chef du gouvernement a peut-être gagné du temps mais “les manifestations continueront à moins que Nétanyahou ne reconnaisse publiquement qu’il s’est trompé. C’est le seul scénario”, explique à la chaîne le général Tamir Hayman, directeur de l’Institut des études pour la sécurité nationale.

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