Négociations, "bromance", dîner fastueux... Ce qu'il faut retenir de la visite d'État de Macron à Washington

Emmanuel Macron et Joe Biden échangent un toast lors d'un diner d'Etat à la Maison Blanche, jeudi 1er décembre 2022 à Washington - Brendan SMIALOWSKI © 2019 AFP
Emmanuel Macron et Joe Biden échangent un toast lors d'un diner d'Etat à la Maison Blanche, jeudi 1er décembre 2022 à Washington - Brendan SMIALOWSKI © 2019 AFP

Le président français conclut ce vendredi sa visite d'État de trois jours aux États-Unis. Avant de s'envoler pour la Nouvelle-Orléans, dernière étape du voyage, Emmanuel Macron a longuement dialogué avec Joe Biden à Washington. L'occasion pour les chefs d'État de s'accorder sur l'Ukraine, et d'arrondir les angles sur le plan climat américain, jugé protectionniste par Paris.

Après deux jours de négociations, ponctués d'accolades et de dîners fastueux, la visite d'État d'Emmanuel Macron à Washington s'est conclue ce jeudi. L'invasion russe en Ukraine était l'un des sujets sur la table et les deux chefs d'États se sont accordés pour trouver une solution ensemble.

Plus épineux: les conséquences du grand plan climat de Joe Biden, jugé protectionniste et "discriminatoire" par l'Union européenne.

• Sur l'Ukraine, Paris et Washington main dans la main

C'est l'un des dossiers les plus urgents. Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden ont manifesté leur volonté de chercher ensemble une issue en Ukraine, mais sans rien rogner de leur soutien à Kiev.

"Je suis prêt à parler à Poutine s'il cherche un moyen de mettre fin à la guerre. Il ne l'a pas encore fait", a déclaré le président américain lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français jeudi, en milieu de journée.

Joe Biden a également souligné que toute discussion avec le président russe se ferait "en consultation avec (ses) amis français et de l'Otan". "Nous resterons unis pour (nous) opposer à la brutalité" de la Russie en Ukraine, a encore expliqué le démocrate de 80 ans, alors que le conflit entre dans son dixième mois, et surtout dans une rude saison hivernale.

Le président français, dont les positions en la matière ont suscité dans le passé l'incompréhension, voire une certaine irritation des Américains, a lui dit qu'il ne "pousserait jamais les Ukrainiens à accepter un compromis qui serait inacceptable pour eux" concernant l'agression russe, parce que cela ne permettrait pas de construire "une paix durable".

Dans un communiqué conjoint, les deux pays ont assuré qu'ils continueraient à fournir à Kiev "une aide politique, sécuritaire, humanitaire et économique aussi longtemps qu'il le faudra".

• "Une très bonne discussion" sur l'économie

Cette visite d'État, la première organisée par l'administration Biden, a également été l'occasion d'aborder le sujet le plus litigieux du moment: la politique de transition énergétique de Joe Biden, qui prévoit 420 milliards de dollars d'investissements dont une part importante sous forme de subventions et de réductions d'impôts, en particulier pour les véhicules électriques, les batteries et les projets d'énergies renouvelables qui favorisent le "made in USA".

Ce plan avait fait bondir tant Bruxelles que les capitales européennes, qui voient ces diverses subventions comme des mesures "discriminatoires" et "contraires aux règles de l'Organisation mondiale du commerce".

Un plan jugé "super agressif" par Emmanuel Macron mercredi, qui avait même estimé, devant les ressortissants français réunis à l’ambassade, que "les choix qui sont faits sont des choix qui vont fragmenter l’Occident", comme le rapporte Le Monde.

"Je ne m'excuse aucunement pour cette législation", a indiqué Joe Biden, promettant toutefois de régler les "défauts" de son "Inflation Reduction Act", pharaonique plan d'investissement dans l'énergie verte, notamment dans les voitures électriques.

Après plusieurs heures de négociations, les chefs d'État ont affirmé vouloir "synchroniser" les approches des deux côtés de l'Atlantique. "Nous nous sommes mis d'accord pour discuter de moyens pratiques afin de synchroniser nos approches pour renforcer la chaîne d'approvisionnement, la production et l'innovation des deux côtés de l'Atlantique", a ainsi déclaré le président américain.

"Une prise de conscience", "il y a un avant et un après la visite à Washington", s'est félicité l'entourage du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui était du voyage. Les Américains "s'aperçoivent que ça peut toucher l'industrie européenne et ce n'est pas du tout leur objectif", estime-t-on de même source, voulant désormais croire à une "vraie prise de conscience au plus haut sommet de l'État américain".

• Un dîner fastueux devant un parterre de stars

La Maison Blanche a déployé tous ses fastes pour célébrer l'amitié franco-américaine, à l'occasion de cette visite débordante d'affection diplomatique. Interrogé sur la raison d'avoir choisi Emmanuel Macron pour cette première visite d'État à Washington, depuis son investiture début 2021, Joe Biden a simplement dit: "Parce que c'est mon ami".

Une "bromance" - contraction de deux mots américains, "brother" et "romance" - s'est traduite par des gestes d'affection, des petites intentions entre les deux hommes.

Pour se conclure par un fastueux dîner de gala, en présence de nombreuses célébrités, hommes politiques et chefs d'entreprise. L'actrice Jennifer Garner, le chanteur John Legend, le réalisateur Baz Luhrmann ou la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, figuraient parmi les invités. Des membres du cabinet de Joe Biden, des députés et des chefs d'entreprise participaient également à la réception.

"Ce soir, nous célébrons l'alliance de longue date qui existe entre la France et les États-Unis", a déclaré Joe Biden alors qu'il portait un toast: "Vive la France et God bless America ("Dieu bénisse l'Amérique"). Emmanuel Macron, qui s'exprimait après le président américain, a ajouté que les deux pays partageaient "les mêmes valeurs".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - "Vive l'amitié entre nos deux pays!": le toast d'Emmanuel Macron à Joe Biden à la Maison Blanche