Movember : ces cancers masculins encore sous-estimés

Les hommes ont du mal à parler des cancers qui touchent leurs organes génitaux. Ils ont pourtant un bon taux de survie s’ils sont pris suffisamment tôt.

Le cancer des testicules est le plus fréquent chez les jeunes hommes (crédit : getty image)
Le cancer des testicules est le plus fréquent chez les jeunes hommes (crédit : getty image)

Le sujet des cancers génitaux des hommes est éminemment sensible. D'abord parce qu'ils touchent la santé (les hommes ont tendance à moins consulter un médecin que les femmes, selon une étude de l'Insee), et parce qu'ils concernent un symbole de leur virilité. "Les hommes ont beaucoup de mal à en parler, constate Clément Darcq, urologue à la clinique Saint-Vincent de Besançon (Doubs), dans les colonnes de France 3. Les femmes, elles, le font plus facilement. Dès l'adolescence, elles vont consulter leur gynécologue, elles sont suivies régulièrement." Le professeur Karim Fizazi, ­oncologue spécialisé dans les cancers génito-urinaires à l’hôpital ­Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), observe également un écart même si, "soutenus par les femmes et grâce à une meilleure information, les hommes consultent plus tôt qu'auparavant".

Un élan porté par Movember, un challenge qui incite les hommes à se laisser pousser la moustache pendant 30 jours en novembre. L’objectif est de sensibiliser la gent masculine aux maladies qui les concernent, comme les cancers de la prostate et du testicule. Le premier est le plus fréquent chez les hommes en général, notamment les plus de 50 ans. Le second touche davantage les plus jeunes, âgés de 20 à 30 ans.

Le cancer de la prostate, rare avant 50 ans

Chaque année, environ 50 000 nouveaux cas sont diagnostiqués en France. "Dans 80 à 85% des cas, on est sur un cancer qui est à un stade précoce, localisé et qui va être curable", nous explique Géraldine Pignot, chirurgienne urologue, spécialisée dans la prise en charge des cancers uro-génitaux à l'Institut Paoli-Calmettes à Marseille. Pour les autres 10 à 15% des cas, lorsque le cancer s’est propagé, le traitement consiste à ralentir l’évolution de la maladie.

"Statistiquement, il y a peu de patients qui meurent d'un cancer de la prostate, mais le volume de patients concernés est tel qu’il y a près de 8 000 morts chaque année. Cela représente un décès chaque heure", poursuit la spécialiste. La bonne nouvelle est que la recherche progresse. "Ces dernières années, on a développé des traitements plus ciblés et personnalisés qui améliorent le taux de survie des patients avec des métastases", ajoute le Pr Karim Fizazi.

Les symptômes de ce cancer se manifestent lorsque la tumeur grossit et comprime l’urètre. Des troubles urinaires tels que des besoins fréquents d’uriner, surtout la nuit, des fuites urinaires ou des difficultés à aller aux toilettes peuvent alors apparaître. Les autres symptômes sont des traces de sang dans l’urine ou encore des difficultés d’érection et des douleurs à l’éjaculation.

Le dépistage est important, mais n’est pas pour autant recommandé de manière systématique. "Le test PSA n’est pas assez fiable pour diagnostiquer un cancer, mais un taux élevé peut inciter à réaliser un examen complémentaire (toucher rectal par exemple) qui permettra de poser un diagnostic", précise la troisième édition du Panorama des cancers en France de l’Institut national du cancer (INCa).

Le cancer du testicule, le plus fréquent chez les plus jeunes

Le cancer du testicule touche majoritairement les jeunes hommes, âgés de 20 à 30 ans. En 2018, 2769 nouveaux cas ont été détectés et seulement 86 hommes en sont morts. Son incidence tend cependant à augmenter depuis les années 1990 : plus de 2,8% par an. Une fois détecté, le taux de survie du cancer du testicule est très bon. Il peut tout de même conduire à une orchiectomie (ablation du testicule), pouvant avoir un lourd impact psychologique sur les plus jeunes.

Le principal symptôme du cancer du testicule est une masse palpable à cet endroit, dure et souvent indolore, qui ne régresse pas au cours du temps. D’autres signes peuvent apparaître : une sensation de lourdeur dans les testicules ou une augmentation du volume. "Un homme qui ressent une quelconque anomalie au niveau de son testicule doit consulter son médecin", conseille le Pr Fizazi.

Plusieurs campagnes de dépistage insistent sur la nécessité de l’autopalpation des testicules, comme celle de l’association CERHOM (Fin du canCER et début de l’HOMme) qui, comme Movember, a contribué à améliorer l'information sur les cancers masculins.

VIDÉO - Carnet de Santé - Dr Christian Recchia : "Le cancer des testicules est le cancer le plus fréquent chez les jeunes hommes. Et il y a un signe qui doit alerter"