"Des mots ont été changés": les écoutes qui ont fait basculer l'enquête sur la Bac Nord de Marseille

Une image extraite de la série documentaire en trois épisodes
Une image extraite de la série documentaire en trois épisodes

Ce sont des écoutes qui ont fait basculer dans un sens comme dans l'autre l'enquête sur la Bac Nord de Marseille lancée en 2011. À cette époque, l'IGPN, la police des polices, enquête sur des soupçons de racket et d'extorsion de fonds pesant sur des policiers de la brigade anti-criminalité qui luttent prioritairement contre le trafic de drogue dans les quartiers nord de Marseille.

Dans une série documentaire Bac Nord, ils parlent enfin, BFMTV diffuse pour la première fois les enregistrements de ces écoutes qui ont conduit à l'interpellation de 12 policiers en octobre 2012.

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Dans le cadre de leur enquête, les policiers de l'IGPN avaient fait placer des micros dans le véhicule utilisé par l'équipe de jour de la Bac Nord. Sauf que les enregistrements sont parasités par les nombreux bruits émanant de la voiture. "On n'entend pas tout, on retranscrit ce qu’on peut retranscrire et il va y avoir beaucoup de pertes", note le journaliste d'investigation Frédéric Ploquin.

"Des mots ont été changés"

Si les retranscriptions faites de ces écoutes vont laisser penser que des "ripoux" agissent au sein de la Bac Nord, l'analyse de ces enregistrements sonores par le laboratoire d'analyse technique et scientifique va faire basculer l'affaire. "Sur les écoutes, des mots ont été changés", constate Me Virgil Reynaud, l'avocat de quatre policiers mis en cause dans ce dossier.

"À un moment, un fonctionnaire dit 'tiens, sens', sens le produit pour voir s'il est frais, s'il est là depuis logntemps...", détaille l'avocat. "L'IGPN retranscrit en disant 'prends 500', sous-entendu 'on se partage le butin'."

Sébastien Soulé est le policier qui a prononcé ses paroles. "On était juste sur une intervention où il y avait un trafic de drogue et on avait un petit sachet d'herbe où il devait y avoir 5 ou 6g d'herbe dedans, je lui dis juste 'tiens, sens'", se souvient-il aujourd'hui.

Mis en cause sur la base de ces écoutes, 18 policiers de la Bac Nord ont été jugés en avril 2021 par un tribunal correctionnel. La découverte d'erreurs de retranscription a modifié les accusations qui pesaient contre eux. Aucun enrichissement personnel, ni aucun racket, n'a pu être démontré. Ils ont été jugés pour détention de drogue, vol de cigarette de contrebande et de 540 euros en liquide. Sept d'entre eux ont été relaxés.

Article original publié sur BFMTV.com