Avec la mort de Silvio Berlusconi, Ruby, au cœur du scandale « Bunga Bunga », lui a rendu hommage

Karima El-Mahroug, qui a dévoilé l’affaire du « Ruby Gate » égratinant la fin de carrière du Cavaliere, a publié ce lundi 12 juin un court message sur Instagram en hommage à Silvio Berlusconi.
Karima El-Mahroug, qui a dévoilé l’affaire du « Ruby Gate » égratinant la fin de carrière du Cavaliere, a publié ce lundi 12 juin un court message sur Instagram en hommage à Silvio Berlusconi.

INTERNATIONAL - « Adieu président. » C’est par ces deux mots et un cœur brisé publiés sur Instagram que « Ruby » – de son vrai nom Karima El-Mahroug – a rendu hommage à Silvio Berlusconi, décédé ce lundi 12 juin à l’âge de 86 ans. La jeune femme, surnommée « la voleuse de cœurs », est au cœur de l’affaire du « RubyGate », un scandale sexuel qui écornera la fin de vie (politique) du Cavaliere.

Née au Maroc en 1992, Karima el-Mahroug a émigré à Letojanni, en Sicile, avec sa mère et ses trois frères. Elle fuira son village à l’adolescence. C’est fin 2009 que la jeune femme, encore mineure, croise la route de Silvio Berlusconi, 73 ans, alors président du Conseil italien. Alors qu’elle écume les boîtes de nuit, une conseillère régionale proche du chef du gouvernement la repère, raconte Le Figaro. Ruby reçoit alors des milliers d’euros pour participer, avec d’autres jeunes filles, à des orgies dans la résidence de Berlusconi.

Achat du silence de jeunes femmes

Arrêtée pour vol en 2010, Karima El-Mahroug dévoilera rapidement à la police l’existence des sulfureuses nuitées privées où s’exhibent des jeunes femmes mineures. Des orgies dont Berlusconi minimisera l’ampleur au tribunal, évoquant de simples dîners élégants éventuellement suivis de « compétition de burlesque ».

Après ces révélations, le Cavaliere est notamment condamné en 2013 à sept ans de prison et à une inéligibilité à vie pour prostitution de mineure et abus de pouvoir. Mais en appel en 2014, puis en cassation en 2015, la justice italienne cassera le premier verdict et innocentera finalement Silvio Berlusconi : il était impossible qu’il ait su que « Ruby » était mineure, et il n’a été coupable d’aucun abus de pouvoir, assurèrent les juges de la juridiction suprême.

Selon le parquet, le silence de ces jeunes femmes a coûté, entre 2011 et 2015, à Silvio Berlusconi des millions d’euros dont une part importante a été destinée à la seule Ruby : argent liquide, cadeaux, voitures, mise à disposition de logements, paiement de factures et de frais médicaux… La défense de Berlusconi affirmait que l’argent était une indemnisation pour l’atteinte à la réputation des personnes impliquées dans l’affaire et insistait sur le fait qu’il est jugé « pour le crime de générosité ».

Un hommage finalement peu étonnant

Malgré cette affaire, Karima El-Mahroug n’en a jamais véritablement voulu à Berlusconi. « Je n’ai pas eu l’impression qu’il m’utilisait comme un morceau de viande, et je savais ce que cela signifiait d’être traité de la sorte. Je n’ai jamais perçu d’intérêt sordide de la part du président, j’y suis même retourné plusieurs fois », a-t-elle déclaré le 18 février dernier dans une interview au quotidien italien Il Secolo XIX.

Ce dernier hommage pour l’homme qui lui a permis de sortir de la « misère », selon ses dires, n’a donc rien d’étonnant. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 30 ans, affirme dans ce même média avoir « aimé » Berlusconi. « Je me sentais respectée par un homme important. Après cet enfer, mon salut a été de fonder une famille et de m’isoler. Je ne peux pas jurer que je ne lui reparlerai plus, mais pour l’instant ce n’est pas arrivé », déclarait-elle. Après avoir profité de cette affaire retentissante pour publier de nombreux ouvrages, Karima el-Mahroug se présente telle « une mère de famille » qui veut rester discrète.

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