Mort de Naomi Musenga : l’opératrice du Samu va être jugée plus de six ans après les faits

Le frère de Naomi Musenga tient un portrait de la jeune femme décédée, le 16 mai 2018.
FREDERICK FLORIN / AFP Le frère de Naomi Musenga tient un portrait de la jeune femme décédée, le 16 mai 2018.

JUSTICE - L’opératrice du Samu de Strasbourg qui avait moqué fin 2017 au téléphone Naomi Musenga, une femme de 22 ans morte quelques heures plus tard à l’hôpital, va être jugée pour « non-assistance à personne en danger », un « soulagement » pour la famille de la victime après près de six années de procédure.

L’opératrice sera jugée « pour s’être abstenue volontairement de porter secours à Madame Musenga », a expliqué le parquet à l’AFP ce mardi 28 mai. Le juge d’instruction a par ailleurs décidé d’un non lieu pour les charges d’homicide involontaire.

Mère d’un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l’hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec « un retard global de près de 02H20 », selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Pas de lien de causalité selon les expertises

Selon les expertises scientifiques réalisées dans le cadre de l’enquête et citées par le parquet, il n’existe « pas de lien de causalité » entre la négligence dans la prise en charge par l’opératrice de la jeune femme et le décès de cette dernière. Naomi Musenga se trouvait « déjà au-delà de toute ressource thérapeutique au moment de l’appel » au Samu selon les experts, précise le parquet.

Il est reproché à l’opératrice de « ne pas avoir respecté les protocoles » de prise en charge « et les bonnes pratiques » du Samu. Le procès se tiendra le 4 juillet au tribunal judiciaire de Strasbourg.

Avocat de l’opératrice, Olivier Grimaldi a regretté qu’aucune instance ne soit poursuivie. « Vu l’état psychologique de cette dame, on ne peut qu’être surpris qu’elle soit la seule mise en cause dans ce dossier », a-t-il réagi auprès de l’AFP. Lors du procès, « on va essayer d’expliquer que la non assistance n’est pas caractérisée », a-t-il ajouté.

Vague d’indignation

Après la mort de Naomi Musenga, une première expertise, dénoncée par sa famille, avait conclu à un décès consécutif à une « intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours ». Mais une deuxième expertise avait réfuté ces conclusions, évoquant un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.

Le décès de Naomi Musenga avait soulevé une vague d’indignation nationale après la diffusion, quelques mois plus tard dans les médias et sur les réseaux sociaux, de ses échanges avec l’opératrice.

« J’ai très mal au ventre », « Je vais mourir... », soufflait Naomi, peinant à s’exprimer. « Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde », rétorquait la régulatrice, qui a été suspendue et ne travaille plus au CHU, selon Me Coubris. Naomi avait parlé successivement à la police, aux pompiers et au Samu avant d’être redirigée vers SOS Médecins.

L’affaire avait poussé le patron du Samu de Strasbourg à démissionner. La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait mis en place une formation spécifique obligatoire d’un an pour les assistants de régulation médicale.

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