Mort de Naomi Musenga : l’opératrice du Samu qui l’avait moquée au téléphone mise en examen

L’avocat de la famille de Naomi, morte fin 2017 aux urgences de Strasbourg, exprime son « soulagement » après cette mise en examen pour « non assistance à personne en danger ».

L’opératrice du Samu qui avait moqué Naomi Musenga avant sa mort mise en examen, indique le parquet ce vendredi 12 janvier.
AFP L’opératrice du Samu qui avait moqué Naomi Musenga avant sa mort mise en examen, indique le parquet ce vendredi 12 janvier.

JUSTICE - Elle est morte à 22 ans après un appel au 15 pris à la légère. L’opératrice du Samu qui avait raillé au téléphone Naomi Musenga, retardant la prise en charge de cette jeune femme morte fin 2017 à l’hôpital de Strasbourg, a été mise en examen pour « non-assistance à personne en danger », a indiqué ce vendredi 12 janvier le parquet.

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Le parquet a également requis « le renvoi de cette personne devant le tribunal correctionnel (...) en décembre », a précisé la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi. « Si le magistrat instructeur suit les réquisitions, le tribunal sera saisi dès que possible de ce dossier ».

Cette mise en examen et ces réquisitions interviennent après des années d’instruction, une longueur qui a souvent désespéré les proches de la jeune femme.

« Soulagement » de la famille

« La famille de Naomi attend depuis plus de six ans une audience », a déclaré à l’AFP l’avocat de la famille de Naomi, Me Jean-Christophe Coubris, qui ajoute que la mise en examen de l’opératrice a eu lieu « lors de son audition par la juge le 14 février 2023 ». « Cette mise en examen a été source de soulagement, avec le sentiment que la justice travaille efficacement, même si elle le fait avec son rythme qui est parfois mal apprécié ou mal compris par les familles », a-t-il poursuivi.

Mère d’un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l’hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec « un retard global de près de 2 heures 20 », selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Son appel de détresse avait soulevé une énorme vague d’indignation après la diffusion des échanges avec l’opératrice dans les médias et sur les réseaux sociaux.

« J’ai très mal au ventre », « J’ai mal partout », « Je vais mourir... », soufflait Naomi, peinant à s’exprimer. « Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde », avait rétorqué, moqueuse, la régulatrice. Suspendue, celle-ci ne travaille désormais plus au CHU, selon Me Jean-Christophe Coubris.

Une première expertise, combattue avec force par la famille de la jeune femme, avait conclu à un décès consécutif à une « intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours ». Mais une deuxième expertise avait réfuté les conclusions de la première, évoquant un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.

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