Mort de Nahel: la version des policiers fragilisée par de nouveaux éléments de l'enquête
Légitime défense ou non? L'instruction sur la mort de Nahel en juin dernier à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, se poursuit et tente d'éclaircir les circonstances dans lesquelles le policier, Florian M., a tiré. De nouveaux éléments viennent fragiliser la version du fonctionnaire qui assure s'être senti menacé.
Premièrement, les juges d'instruction du tribunal de Nanterre ont acquis la certitude que le véhicule conduit par Nahel n'a pas dévié vers la gauche, soit vers le policier, lorsqu'il a redémarré, a appris BFMTV confirmant les informations de RTL. Un premier élément qui vient fragiliser la thèse de la légitime défense.
Dans leur premier rapport d'intervention, rédigé par un opérateur de la salle de commandement, il était mentionné que "le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire". L'opérateur avait supervisé l'opération policière en relation avec les policiers qui tentaient d'interpeller Nahel à la suite d'un refus d'obtempérer. Auprès de l'IGPN, le policier s'était dit acculé entre la voiture et le muret.
Des violences commises sur Nahel?
Cette version avait déjà été contredite par les vidéos de l'intervention largement diffusées sur les réseaux sociaux. Ce sont d'autres témoignages qui fragilisent la version des deux policiers intervenants.
Cinq témoins racontent, de manière circonstanciée, avoir vu les fonctionnaires donner des coups de crosse à l'adolescent de 17 ans, au volant de son véhicule. Un premier coup donné par le policier auteur du tir mortel et deux autres par son collègue.
Parmi ces témoins, il y a évidemment les deux passagers qui étaient présents dans le véhicule mais surtout trois autres personnes qui ne connaissaient pas Nahel avant les faits. Or, depuis le début, les deux policiers nient avoir frappé le jeune homme.
Le policier remis en liberté
Enfin, autre élément au dossier d'instruction, le rapport d'autopsie. Les premiers éléments avaient révélés que la balle qui a touché Nahel a d'abord transpercé le pare-brise puis le poignet de l’adolescent avant d’atteindre son thorax.
Plus précisément, Nahel présentait, au moment de l'examen, "deux ecchymoses au bras gauche", des lésions qui peuvent être compatibles avec des blessures dites de "défense". Peut-être pour se défendre justement de ces coups de cross.
Contacté par BFMTV, l'avocat du policier Me Laurent Franck Lienard estiment que "les affaires judiciaires sont traitées dans le cabinet des juges d’instruction et pas dans la presse".
"Il est hors de question qu’on discute de ces éléments sur la place publique", poursuit l'avocat rappelant qu'après cette audition par les juges d'instruction le 9 novembre dernier, son client a été remis en liberté et autorisé à reprendre ses fonctions de policier.