Mort de Nahel : pour Emmanuel Macron, le « pic » des émeutes est passé, mais il se dit « très prudent »

Emmanuel Macron, ici le 28 juin 2023.
Emmanuel Macron, ici le 28 juin 2023.

POLITIQUE - Emmanuel Macron s’est dit ce mardi 4 juillet « très prudent » sur le retour au calme après plusieurs nuits d’émeutes mais a jugé que « le pic » était « passé, devant quelque 250 maires de villes touchées par les violences reçus à l’Élysée.

« Est-ce que le retour au calme est durable ? Je serai encore très prudent pour les jours et les semaines qui viennent. Mais enfin le pic que nous avons connu dans les premiers soirs est passé », a affirmé le chef de l’État. « C’est l’ordre durable, républicain que nous voulons tous, auquel nous allons nous atteler. C’est la priorité absolue », a-t-il souligné.

Une réelle accalmie est effectivement observée depuis deux jours. Le ministère de l’Intérieur a relevé dans la matinée une nouvelle nette décrue des violences pendant la nuit, avec 72 personnes interpellées, contre 157 la veille et jusqu’à plusieurs centaines au plus fort des violences.

« Les raisons de ce que nous vivons viennent de loin »

« Même si le calme est revenu, je considère que l’on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé », a-t-il déclaré, selon Franceinfo qui a pu parler à un participant à cette réunion tenue à l’écart des médias. « Les raisons de ce que nous vivons viennent de loin », a-t-il ajouté.

Une autre personne présente a précisé auprès de l’AFP que le président avait exprimé aux élus « le soutien, l’estime et la reconnaissance de la Nation » pour leur « action » ces derniers jours.

Treize « atteintes graves » aux élus ont été recensées, a précisé mardi matin le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, devant les députés de la majorité, en citant les maires de L’Haÿ-les-Roses et Pontoise, dans le Val-d’Oise.

« Tirer des conclusions »

Emmanuel Macron entend désormais mener un « travail minutieux » pour « comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements », « avant d’en tirer des conclusions », selon l’Élysée.

« Si vous êtes là, c’est que vous avez été victimes, parfois vous l’avez été de manière très directe et personnelle, vos familles et vos proches de manière intolérable et inqualifiable. Pour beaucoup d’entre vous aussi, vos agents municipaux ont été pris à partie et vos communes ont eu à vivre la dégradation de mairies, de commissariats, d’écoles », a expliqué Emmanuel Macron.

« Je veux aussi remercier avec la même solennité l’ensemble de nos policiers, gendarmes et policiers municipaux, évidemment nos sapeurs pompiers également », a-t-il aussi lancé.

Depuis le début de la réunion à midi, des échanges très directs se poursuivent entre les élus, qui s’arrachent les micros pour prendre la parole, et le chef de l’État, assis face à eux et prenant des notes, ont raconté des participants.

Les maires inquiets

« Les maires de droite proposent des solutions de droite, autorité, éducation, les maires de gauche des solutions de gauche, plus d’argent », a déclaré Éric Straumann, maire LR de Colmar (Haut-Rhin), parti avant la fin, à l’AFP. Pour Patrick Jarry, maire DVD de Nanterre, « les conditions de travail et la mission des policiers sont un chantier incontournable ».

Patricia Tordjman, maire communiste de Gentilly (Val-de-Marne), a interpellé frontalement le président, estimant que « rien n’a été fait » depuis qu’il a été élu en 2017, « pire on nous retire des moyens ». « La société bascule », s’est-elle alarmée devant le jeune âge des émeutiers.

Jean-François Copé, maire LR de Meaux, « ne croit pas à l’émeute sociale, l’émeute de la faim ». « Il s’agit d’une folie non maîtrisée », a-t-il lancé, déplorant un recul de « l’autorité » car on « nous culpabilise sur la colonisation ». Et d’estimer : la « République n’a pas à s’excuser, elle a déjà beaucoup fait pour les quartiers ».

À l’issue de ces échanges, le président fera un point de la situation en fin d’après-midi avec la Première ministre Élisabeth Borne et quelques ministres du gouvernement, qui risquent d’être mis à l’épreuve lors de la séance de questions à l’Assemblée nationale.

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