Mort de Nahel à Nanterre : la tension monte à Paris, Toulouse, Nantes, Lille et d’autres villes de France

À Toulouse, une centaine d’individus ont jeté de projectiles sur les forces de l’ordre mercredi en début de soirée et un véhicule léger a été incendié.

NAHEL - La colère ne faiblit pas au lendemain de la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un policier lors d’un contrôle auquel il a voulu se soustraire. Déjà mardi soir, 31 personnes ont été interpellées lors de heurts contre les forces de l’ordre, notamment à Nanterre. Ce mercredi 28 juin au soir, la tension est montée dans plusieurs villes de France comme Toulouse, Nantes, Lille, Amiens, Saint-Étienne, Dijon, Clermont-Ferrand, Strasbourg ou encore Lyon.

Au petit matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé « une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République ». Annonçant un total de 150 interpellations, il a aussi mis en cause « ceux qui n’ont pas appelé au calme ».

Des voitures incendiées, des tirs de mortier et des échauffourées avec la police... le schéma reste le même. Les tensions se sont intensifiées à partir de 23 heures, notamment en Île-de-France. À Nanterre, au moins trois véhicules et des poubelles ont été incendiés, et des barrières ont été placées sur la route, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sur la façade d’un immeuble, les murs ont été tagués des mots « Justice pour Nahel » et « Police tue ».

Des affrontements se sont poursuivis jusqu’en milieu de nuit dans la cité Pablo Picasso, avec des jets de pavés auxquels les forces de l’ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène.

Une vingtaine de communes de Seine-Saint-Denis ont recensé des incidents, selon une source policière, parfois dans des villes plutôt tranquilles comme Dugny. D’après cette source, il y avait à chaque fois sur place des groupes de moins d’une centaine de personnes très mobiles.

Dans l’Essonne, un groupe de personnes a détruit par le feu un bus vers 21h00, après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon, a-t-on appris de source policière. Des incidents ont été déplorés également dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine. À Clamart, une rame de tramway a été incendiée, selon une source policière.

Tentative d’attaque de la prison de Fresnes

Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué au mortier d’artifice par des émeutiers, a appris l’AFP de source policière. « Ils n’ont pas pénétré dans l’enceinte de la prison. Les forces de l’ordre ont vite été appelées », a précisé cette source.

À Montreuil, la mairie a été visée par des feux d’artifice. À Grigny et Brunoy (Essonne), des bus ont été brûlés, obligeant plusieurs opérateurs à dévier plusieurs lignes de transport en commun.

À Saint-Denis, des renforts de CRS étaient demandés après des échauffourées entre des habitants et les forces de l’ordre, tandis qu’à Clichy-la-Garenne, un nuage de fumée s’élevait dans le ciel après l’impressionnante explosion d’une cabane de chantier abritant une bouteille de gaz.

Pour ce soir, Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation de 2.000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée. « La mobilisation des forces de l’ordre sera renforcée partout dans le département » des Hauts-de-Seine, a également fait savoir le préfet, Laurent Hottiaux, appelant à l’« apaisement » et à un « retour au calme ».

Les services de renseignement s’attendent « à une réaction très importante dans les quartiers sensibles avec une probable dégradation de la situation », avec « des prises à partie des forces de l’ordre sur leurs interventions », a appris l’AFP de source policière. Et les premiers mouvements se font déjà sentir.

Voitures incendiées et « caillassage »

Dans le quartier du Mirail à Toulouse, une centaine d’individus ont jeté de projectiles sur les forces de l’ordre mercredi en début de soirée et un véhicule léger a été incendié, selon une source policière.

D’épaisses fumées noires se dégageaient du secteur, a pu constater un journaliste de l’AFP sur place, en raison notamment d’un fourgon en feu. Un hélicoptère de la gendarmerie survolait également les lieux.

À Nantes, une centaine de personnes se sont réunies vers 18h00 devant le commissariat central aux cris de « Justice pour Nahel ».

À Lille, une centaine de manifestants également se sont rassemblés devant la préfecture contre « les crimes de la police », et une action de « caillassage » était en cours vers 20h00, selon une source policière, qui a déploré « un véhicule brûlé ».

Dans l’Essonne, un groupe de personnes a mis le feu à un bus après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon, a-t-on appris de source policière.

La situation était en revanche moins tendue que la veille à Nanterre et dans les Hauts-de-Seine, théâtre d’affrontements entre habitants et forces de l’ordre la nuit dernière. La préfecture a fait état de huit interpellations depuis mercredi après-midi.

À Lyon, où un rassemblement était organisé contre les violences policières, des incidents ont éclaté vers 22 heures dans le quartier de La Duchère. À Roubaix, plusieurs véhicules auraient été incendiés.

À Marseille, une banderole de soutien à la famille de Nahel a été déployée par les supporters du virage Sud de l’OM.

Pour les Soulèvements de la Terre et « pour Nahel », même colère

Plusieurs manifestations se sont tenu mercredi soir à travers la France et notamment à Paris pour dénoncer la dissolution des Soulèvements de la terre, et par la même occasion demander « justice pour Nahel », adolescent tué la veille à Nanterre par un policier.

Aux panneaux « Nous sommes le vivant qui se défend », « Dissolution de Darmanin » ou « Contre l’État policier soulèvement généralisé », se sont mêlées, place de la République à Paris, des pancartes « Nos pensées aux proches de Nahel » ou « Justice pour Nahel », évoqué aussi dans les interventions au micro.

Lire sur le HuffPost

À voir également sur Le HuffPost :

Après la mort de Nahel à Nanterre, ces paroles de SCH et Ninho sur les émeutes de Clichy-sous-Bois 2005 sont partout

Après la mort de Nahel, l’Assemblée nationale fait une minute de silence et Borne promet que « la justice passera »

VIDÉO - Mort de Nahel: "Ce n'était pas un enfant à problèmes", témoigne Mickaël, habitant de Nanterre qui connaissait l'adolescent