Mort de Jean-Pierre Elkabbach : journalistes et politiques rendent hommage au « meilleur intervieweur qu’on ait eu »

Mort de Jean-Pierre Elkabbach : journalistes et politiques rendent hommage au « meilleur intervieweur qu’on ait eu »  (Photo de Jean-Pierre Elkabbach prise en octobre 2015)
BORIS HORVAT / AFP Mort de Jean-Pierre Elkabbach : journalistes et politiques rendent hommage au « meilleur intervieweur qu’on ait eu » (Photo de Jean-Pierre Elkabbach prise en octobre 2015)

DÉCES - Le vétéran du journalisme politique et ancien président d’Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, s’est éteint à 86 ans ce mardi 3 octobre, suscitant une pluie d’hommages dans le monde politique, chez ses pairs et autres admirateurs d’un intervieweur tenace qui a marqué son époque.

« Un monstre sacré du journalisme français », a salué le président de la République Emmanuel Macron. Ce décès est intervenu « à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates, dans nos écrans ou sur nos ondes, pour en raconter les riches heures et en interroger les acteurs », a rappelé le chef de l’Etat.

Canal+ et Europe 1 ont annoncé le décès de leur ancienne vedette ce mardi soir sur X (ex-Twitter), peu après sa révélation par l’hebdomadaire Paris Match. Sans surprise, les témoignages de respect se multiplient chez les journalistes, dont il a marqué plusieurs générations.

« Il a été le premier à me donner ma chance », a ainsi souligné Léa Salamé. « Il cite Mauriac en exergue de son autobiographie “J’ai été aimé… et haï” (...) Nous, on vous aimait », a-t-elle ajouté.

« On est nombreux à avoir pris ses attaques d’interview en référence », a déclaré Laurence Ferrari sur CNews.

« C’était le meilleur intervieweur qu’on ait eu » a commenté sur BFMTV Alain Duhamel -- son ancien partenaire dans « Cartes sur table » sur Antenne 2 -- louant son « incroyable acharnement » et sa « méticulosité ».

« C’est quand même toute une époque », a relevé sur la même chaîne Michèle Cotta, membre du même « clan de journalistes » et de la même génération.

Professionnel infatigable, qui a analysé et commenté plus de 60 ans de vie politique, Jean-Pierre Elkabbach a été patron de radio et de télévision.

« J’apprends avec une grande tristesse la disparition de Jean-Pierre Elkabbach qui fût mon tout premier président lorsque j’ai commencé à présenter les Z’Amours. Une grande pensée à toute sa famille. », a écrit Jean-Luc Reichmann.

Le représentant de toute une génération

Les réactions politiques ont également afflué de la part de tous ceux qu’il avait interviewés à un moment ou un autre.

« Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J’en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d’être son invité au micro d’Europe 1 jusqu’à ce qu’il me donne ma chance », a réagi l’ancien président Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux, faisant part de sa « tristesse ».

« Une page de notre histoire politique et médiatique se tourne avec » sa disparition, a estimé son successeur François Hollande, louant une « pugnacité qu’aucun interlocuteur ne pouvait épuiser ».

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a rendu hommage « à un observateur hors pair de notre vie politique nationale ».

« Ma première interview fut avec Jean-Pierre Elkabbach ! Autant une épreuve qu’une consécration », a écrit Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement et ancienne garde des Sceaux.

« Il avait interrogé tous les chefs d’État depuis Valéry Giscard d’Estaing et fait vivre notre débat démocratique », a souligné le président du RN Jordan Bardella.

Le leader communiste Fabien Roussel a pour sa part salué un « compagnon de route de la Ve République » dont les « échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés ».

Une allusion à une interview en 1980 sur Antenne 2 avec le secrétaire général du PCF qui le rabroua.

Jean-Pierre Elkabbach a parfois été brocardé pour ses amitiés politiques supposées -- de Valéry Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Sa longévité à l’antenne avait fini par lasser une partie du public et conduit à son éviction en 2017 d’Europe 1.

Il était alors entré chez CNews, devenant conseiller de Vincent Bolloré, qui contrôlait la chaîne d’info « qu’il a contribué à créer », comme l’a rappelé sur X le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret.

« Passionné et engagé »

Delphine Ernotte a salué la mémoire de celui qui fut avant elle patron de France Télévisions et a « amené le débat public dans tous les foyers ».

Né en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a commencé sa carrière comme correspondant de la RTF à Oran, sa ville natale en Algérie, avant d’être nommé à Paris en 1961.

Après des années sur le petit écran, il entre à Europe 1 au début des années 80 et y fera de très nombreux allers-retours.

Il y était revenu notamment en 1996, éclaboussé par un scandale sur l’attribution de contrats juteux aux animateurs-producteurs stars de France 2, alors qu’il était patron de France Telévisions... et y restera jusqu’en 2017.

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