Mort de Jean-Pierre Elkabbach : journalistes et politiques rendent hommage au « meilleur intervieweur qu’on ait eu »
DÉCES - Le vétéran du journalisme politique et ancien président d’Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, s’est éteint à 86 ans ce mardi 3 octobre, suscitant une pluie d’hommages dans le monde politique, chez ses pairs et autres admirateurs d’un intervieweur tenace qui a marqué son époque.
« Un monstre sacré du journalisme français », a salué le président de la République Emmanuel Macron. Ce décès est intervenu « à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates, dans nos écrans ou sur nos ondes, pour en raconter les riches heures et en interroger les acteurs », a rappelé le chef de l’Etat.
Canal+ et Europe 1 ont annoncé le décès de leur ancienne vedette ce mardi soir sur X (ex-Twitter), peu après sa révélation par l’hebdomadaire Paris Match. Sans surprise, les témoignages de respect se multiplient chez les journalistes, dont il a marqué plusieurs générations.
« Il a été le premier à me donner ma chance », a ainsi souligné Léa Salamé. « Il cite Mauriac en exergue de son autobiographie “J’ai été aimé… et haï” (...) Nous, on vous aimait », a-t-elle ajouté.
Il a été le premier à me donner ma chance, comme à beaucoup d’autres.
Il cite Mauriac en exergue de son autobiographie « J’ai été aimé… et haï. Plus aimé que haï ? Plus haï qu’aimé ? Qui le sait? »
Nous, on vous aimait.
Merci Jean-Pierre. pic.twitter.com/oDVZmqF3y1— Léa Salamé (@LeaSalame) October 3, 2023
« On est nombreux à avoir pris ses attaques d’interview en référence », a déclaré Laurence Ferrari sur CNews.
Laurence Ferrari rend hommage à Jean-Pierre Elkabbach, décédé ce mardi : «C'était un monument de l'interview politique, une référence. C'est le plus grand interviewer politique français», dans #SoirInfo pic.twitter.com/bpiAzk2L4V
— CNEWS (@CNEWS) October 3, 2023
« C’était le meilleur intervieweur qu’on ait eu » a commenté sur BFMTV Alain Duhamel -- son ancien partenaire dans « Cartes sur table » sur Antenne 2 -- louant son « incroyable acharnement » et sa « méticulosité ».
Décès de Jean-Pierre Elkabbach: "C'était le meilleur intervieweur que l'on ait eu", pour Alain Duhamel pic.twitter.com/X1GCSY9aE0
— BFMTV People (@BFMTV_People) October 3, 2023
« C’est quand même toute une époque », a relevé sur la même chaîne Michèle Cotta, membre du même « clan de journalistes » et de la même génération.
Décès de Jean-Pierre Elkabbach: "C'est quelqu'un qui a toujours recherché l'excellence", se souvient la journaliste Michèle Cotta pic.twitter.com/LWRQdgmAtL
— BFMTV (@BFMTV) October 3, 2023
Tant de moments partagés un peu après 8h20 … les années @Europe1
Adieu Jean Pierre @JP_Elkabbach pic.twitter.com/YbsPOdZCDL— Caroline Roux (@Caroline_Roux) October 3, 2023
Je lui disais « il y a trop de stabilos pour que ça serve à quelque chose »
Il répondait « chut »
Jean-Pierre en studio avant son interview
Vraie tristesse #elkabbach pic.twitter.com/9AWlBqxBEg— JeanPhilippe Balasse (@BalasseJP) October 3, 2023
Professionnel infatigable, qui a analysé et commenté plus de 60 ans de vie politique, Jean-Pierre Elkabbach a été patron de radio et de télévision.
Prévenez Georges Marchais. Il s'est tu Elkabbach mais il le rejoint là-haut. Je garde le souvenir d'un grand interviewer vu de près en action à Europe 1. Et du patron télé qui nous a permis avec JL Delarue de créer "Ca se discute". Mes condoléances à ses proches
— Florian Gazan (@flogazan) October 3, 2023
⚫ Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach est mort à l'âge de 86 ans pic.twitter.com/sW9GdVDwla
— BFMTV (@BFMTV) October 3, 2023
« J’apprends avec une grande tristesse la disparition de Jean-Pierre Elkabbach qui fût mon tout premier président lorsque j’ai commencé à présenter les Z’Amours. Une grande pensée à toute sa famille. », a écrit Jean-Luc Reichmann.
Le représentant de toute une génération
Les réactions politiques ont également afflué de la part de tous ceux qu’il avait interviewés à un moment ou un autre.
« Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J’en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d’être son invité au micro d’Europe 1 jusqu’à ce qu’il me donne ma chance », a réagi l’ancien président Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux, faisant part de sa « tristesse ».
Tristesse de voir partir ce soir un grand du journalisme. Passionné de politique, boulimique d’information, intervieweur pugnace et sans concession, directeur de médias exigeant et visionnaire, Jean-Pierre ELKABBACH a marqué de son empreinte toute une génération. J’en fais…
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) October 3, 2023
« Une page de notre histoire politique et médiatique se tourne avec » sa disparition, a estimé son successeur François Hollande, louant une « pugnacité qu’aucun interlocuteur ne pouvait épuiser ».
Une page de notre histoire politique et médiatique se tourne avec la disparition de Jean-Pierre Elkabbach. C’était une voix que nul ne pouvait faire taire. C’était une passion qu’aucun événement ne pouvait étancher. C’était une pugnacité qu’aucun interlocuteur ne pouvait épuiser.… pic.twitter.com/GXfGuzinUs
— François Hollande (@fhollande) October 3, 2023
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a rendu hommage « à un observateur hors pair de notre vie politique nationale ».
Hommage à un journaliste passionné, à un lecteur assidu, à un observateur hors pair de notre vie politique nationale, hommage à un homme qui a cru toute sa vie dans la force de l’engagement public : Jean-Pierre Elkabbach.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) October 3, 2023
« Ma première interview fut avec Jean-Pierre Elkabbach ! Autant une épreuve qu’une consécration », a écrit Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement et ancienne garde des Sceaux.
Ma première interview fut avec Jean-Pierre Elkabbach ! Autant une épreuve qu’une consécration. Une grande voix de la radio qui manquera. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille. pic.twitter.com/UP1cIHL1Go
— Rachida Dati ن (@datirachida) October 3, 2023
« Il avait interrogé tous les chefs d’État depuis Valéry Giscard d’Estaing et fait vivre notre débat démocratique », a souligné le président du RN Jordan Bardella.
Il avait interrogé tous les chefs d’Etat depuis Valéry Giscard d’Estaing et fait vivre notre débat démocratique : Jean-Pierre Elkabbach, c’est plus d’un demi-siècle de journalisme politique, et des interviews mémorables.
Toutes mes condoléances à sa famille et à ses collègues.— Jordan Bardella (@J_Bardella) October 3, 2023
Le leader communiste Fabien Roussel a pour sa part salué un « compagnon de route de la Ve République » dont les « échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés ».
Compagnon de route de la Ve République, Jean-Pierre Elkabbach aura marqué l’histoire médiatique de notre pays.
Ses échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés.
J’ai apprécié, à mon tour, ses interviews, toujours respectueuses.
Hommage. pic.twitter.com/OUiZAPfelO— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) October 3, 2023
Une allusion à une interview en 1980 sur Antenne 2 avec le secrétaire général du PCF qui le rabroua.
Jean-Pierre Elkabbach a parfois été brocardé pour ses amitiés politiques supposées -- de Valéry Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Sa longévité à l’antenne avait fini par lasser une partie du public et conduit à son éviction en 2017 d’Europe 1.
Il était alors entré chez CNews, devenant conseiller de Vincent Bolloré, qui contrôlait la chaîne d’info « qu’il a contribué à créer », comme l’a rappelé sur X le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret.
« Passionné et engagé »
Delphine Ernotte a salué la mémoire de celui qui fut avant elle patron de France Télévisions et a « amené le débat public dans tous les foyers ».
1/2 Hommage et respect à Jean Pierre Elkabbach qui ne fut pas seulement un Président fort pour @francetele mais un grand journaliste passionné et engagé. Il aura raconté la politique et le siècle comme personne et amené le débat public dans tous les foyers.
— Delphine Ernotte Cunci (@DelphineErnotte) October 3, 2023
Né en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a commencé sa carrière comme correspondant de la RTF à Oran, sa ville natale en Algérie, avant d’être nommé à Paris en 1961.
Après des années sur le petit écran, il entre à Europe 1 au début des années 80 et y fera de très nombreux allers-retours.
Il y était revenu notamment en 1996, éclaboussé par un scandale sur l’attribution de contrats juteux aux animateurs-producteurs stars de France 2, alors qu’il était patron de France Telévisions... et y restera jusqu’en 2017.
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