Mort de Frédéric Mitterrand : l’ancien ministre de la Culture était iconoclaste et adepte de la provocation

Frédéric Mitterrand photographié au Festival de Venise en 2009 (illustration)
DAMIEN MEYER / AFP Frédéric Mitterrand photographié au Festival de Venise en 2009 (illustration)

POLITIQUE - Enfant de la télé, il a fini par devenir une figure de la culture, jusqu’à récupérer ce portefeuille ministériel dans des conditions inédites. Frédéric Mitterrand, 76 ans, est mort ce jeudi 21 mars, a annoncé sa famille dans un communiqué à l’AFP.

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Rapidement, et sans surprise, plusieurs personnalités ont rendu hommage à ce personnage flamboyant, iconoclaste et inclassable. Neveu de l’ancien président de la République, Frédéric Mitterrand a effectivement traversé sa vie en multipliant les coups d’éclat.

Un sept d’Or remis à terre

Comme cette fois, en 1990, où il est récompensé d’un 7 d’Or pour son émission Du côté de chez Fred. Or, son magazine vient d’être supprimé par Antenne 2. Frédéric Mitterrand décide alors de déposer sa récompense à terre, « là où se trouve le service public ». S’il présente ses excuses le lendemain, Frédéric Mitterrand n’en était pas à son premier coup de sang. Deux ans plus tôt, il avait justement rejoint le service public en quittant avec fracas TF1, alors privatisée. Et avec le franc-parler qui le caractérise : « Ils n’aiment ni les Noirs, ni les Arabes, ni les pédés, ni les gens de gauche. Autant dire que je n’avais pas beaucoup d’avenir. »

La polémique « Mauvaise vie »

Quelques années plus tard, en 2005, Frédéric Mitterrand publie son roman autobiographique intitulé La Mauvaise Vie. Un ouvrage dans lequel il se livre sur le tourisme sexuel, racontant sans détour ses aventures à Patpong, quartier de Bangkok dont la réputation tient surtout à son industrie du sexe tarifé. Un livre qui va se retourner contre lui quatre ans plus tard, trois mois après sa nomination au ministère de la Culture. Sur le plateau de Mots croisés, Marine Le Pen l’accuse en octobre 2009 de faire l’apologie de la pédophilie.

Suit une polémique virulente qui le conduira à faire l’exégèse de son ouvrage sur le plateau de TF1. Il faut dire que Frédéric Mitterrand figurait alors parmi les soutiens de Roman Polanski, lui-même accusé d’agressions sexuelles et reconnu coupable par le passé d’avoir eu des rapports sexuels illégaux avec une mineure. « Tous les ministres ont leur passage au feu, leur superbizutage, le mien était carabiné. Mais je pense que je pourrai en tirer tous les enseignements et, au fond : ni ressentiment, ni rancœur, ni rancune », philosophait-il quelques semaines plus tard sur RTL.

De la Villa Médicis au ministère de la Culture

Même sur le plan politique, Frédéric Mitterrand n’a rien fait comme les autres. Alors qu’il était à la tête de la Villa Médicis depuis une dizaine de mois, ce touche-à-tout culturel a lui-même annoncé sa nomination au ministère de la Culture, en devançant de quelques heures l’annonce officielle faite à l’époque par Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée. Et de quelle façon : en organisant un pot de départ à la Villa Médicis la veille de sa nomination, puis en explicitant les choses le lendemain auprès de ses collaborateurs, qui allaient confirmer l’information — sous couvert d’anonymat — auprès de l’AFP. Une liberté avec le protocole qui correspond finalement assez bien avec les bravades dont il était coutumier.

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