« Docteur Folamour » : comment Kubrick a inventé le film politique moderne
« Si l'on pouvait résumer le monde moderne en un seul mot, ce serait : absurde, écrit Stanley Kubrick dans ses notes de travail pour Docteur Folamour. La seule réponse créative que l'on puisse apporter à cela est une vision comique de la vie. »
Pourtant quand, au début des années 1960, le trentenaire surdoué, qui a déjà réalisé six films (le dernier en date est Lolita d'après Nabokov), décide de s'attaquer au sujet de la bombe atomique, ce n'est pas de gaieté de cœur. Ses voisins de Greenwich Village, le quartier bohème de Manhattan qu'il habite dans les années 1950, l'ont souvent entendu échafauder le projet de s'installer en Australie pour échapper à la bombe qui, il en est convaincu, menace de pulvériser New York plus que toute autre ville au monde. Ses lectures – un livre d'Herman Kahn autour de la guerre thermonucléaire, un autre d'Henry Kissinger – ne lui remontent guère le moral. Et puis l'auteur des Sentiers de la gloire (1957) a une sombre vision de la nature humaine, qu'il juge profondément belliqueuse et destructrice… La suite de sa filmographie, d'Orange mécanique à Full Metal Jacket, le démontrera.
À LIRE AUSSI « Orange mécanique » : un manuscrit inédit révèle le rapport de l'écrivain au film
C'est un spécialiste du renseignement avec qui il est en contact qui donne au cinéaste Red Alert, le livre d'un ancien officier de la Royal Air Force, publié sous pseudonyme (et paru en français sous le titre 120 minutes pour sauver le monde). Peter George [...] Lire la suite