Mort d’Ebrahim Raïssi : avant même la confirmation de son décès, ces Iraniens fêtent la nouvelle

Mort d’Ebrahim Raïssi : avant même la confirmation de son décès, des Iraniens fêtent la nouvelle (Sima Moradbeigi et Mersedeh Shahinkar ont toutes deux été mutilées par la police lors de manifestations après la mort de Mahsa Amini, la jeune Iranienne décédée en garde à vue pour avoir mal porté son hijab. )
Capture @mersedeh_eye sur X Mort d’Ebrahim Raïssi : avant même la confirmation de son décès, des Iraniens fêtent la nouvelle (Sima Moradbeigi et Mersedeh Shahinkar ont toutes deux été mutilées par la police lors de manifestations après la mort de Mahsa Amini, la jeune Iranienne décédée en garde à vue pour avoir mal porté son hijab. )

IRAN - Des feux d’artifice et de la joie. La mort du président iranien Ebrahim Raïssi a été annoncée ce lundi 20 mai au matin, après la découverte de l’épave de l’hélicoptère qui le transportait lui et son ministre des Affaires étrangères. Celui-ci avait disparu dimanche en début d’après-midi alors qu’il survolait une région de l’Iran escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles avec de la pluie et un épais brouillard.

Mort d’Ebrahim Raïssi, le président de l’Iran, dans le crash de son hélicoptère, selon les médias iraniens

L’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême, a appelé dimanche « le peuple iranien » à « ne pas s’inquiéter » car « il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays ». Mais l’heure n’est pas à la tristesse pour tous les Iraniens.

La nouvelle a en effet été accueillie avec une grande joie, notamment par des femmes qui subissent la politique religieuse stricte de la charia imposée par le gouvernement. Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont été partagées pour fêter la mort de celui surnommé le « Boucher de Téhéran ».

« La flamme de Mahsa Amini brille plus que jamais »

« Nous dansons et célébrons librement sur ta sale tombe » écrivent sur X deux femmes en légende d’une vidéo où on les voit danser, rayonnantes.

Sima Moradbeigi et Mersedeh Shahinkar ont toutes deux été mutilées par la police lors de manifestations après la mort de Mahsa Amini, la jeune Iranienne décédée en garde à vue pour avoir mal porté son hijab. L’une a perdu un œil, l’autre a vu son coude pulvérisé par des projectiles en plomb. Les deux ont dû fuir le pays pour ne pas être la cible du gouvernement iranien.

Deux autres femmes ont partagé une vidéo d’elles en train de trinquer ensemble et boire de l’alcool.

Des feux d’artifice ont été vus à Saghez, ville du Kurdistan iranien dont était originaire Mahsa Amini.

« La flamme de Mahsa Amini brille plus que jamais ce soir ! Ainsi, la mort possible de Raïssi est célébrée à Saghez, le lieu de naissance de Mahsa Amini en Iran. Nous devons faire attention à ne pas interdire aux gens de ressentir ce qu’ils devraient ressentir », a écrit sur X une journaliste germano-yazidi.

De telles scènes ont également été vues à Téhéran, la capitale.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux posts célébrant la mort du président sont apparus, notamment accompagnés de la mention « Femme, Vie, Libérté », le mouvement réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.

Membre de la Commission de la mort

Âgé de 63 ans, l’ayatollah Raïssi était considéré comme l’un des favoris pour occuper le poste le plus important de la République islamique, celui de Guide suprême, détenu depuis 35 ans par l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. Il était considéré comme l’un des piliers des camps conservateur et ultraconservateur, qui contrôlent tous les leviers du pouvoir depuis 2020.

Arrivé au milieu de son mandat, Raïssi était sorti renforcé des législatives tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.

En 1988, Raïssi avait été procureur adjoint de Téhéran et membre de la Commission de la mort de Téhéran, qui a exécuté des milliers de prisonniers politiques.

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