Mort d’Ebrahim Raïssi : avant même la confirmation de son décès, ces Iraniens fêtent la nouvelle
IRAN - Des feux d’artifice et de la joie. La mort du président iranien Ebrahim Raïssi a été annoncée ce lundi 20 mai au matin, après la découverte de l’épave de l’hélicoptère qui le transportait lui et son ministre des Affaires étrangères. Celui-ci avait disparu dimanche en début d’après-midi alors qu’il survolait une région de l’Iran escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles avec de la pluie et un épais brouillard.
L’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême, a appelé dimanche « le peuple iranien » à « ne pas s’inquiéter » car « il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays ». Mais l’heure n’est pas à la tristesse pour tous les Iraniens.
La nouvelle a en effet été accueillie avec une grande joie, notamment par des femmes qui subissent la politique religieuse stricte de la charia imposée par le gouvernement. Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont été partagées pour fêter la mort de celui surnommé le « Boucher de Téhéran ».
« La flamme de Mahsa Amini brille plus que jamais »
« Nous dansons et célébrons librement sur ta sale tombe » écrivent sur X deux femmes en légende d’une vidéo où on les voit danser, rayonnantes.
ما بر سر گور کثیف و نجستتان آزادانه میرقصیم و جشن میگیریم#زن_زندگی_ازادی@simamoradb51053 pic.twitter.com/RnHP9Ht8ir
— MersedeH_eye (@mersedeh_eye) May 19, 2024
Sima Moradbeigi et Mersedeh Shahinkar ont toutes deux été mutilées par la police lors de manifestations après la mort de Mahsa Amini, la jeune Iranienne décédée en garde à vue pour avoir mal porté son hijab. L’une a perdu un œil, l’autre a vu son coude pulvérisé par des projectiles en plomb. Les deux ont dû fuir le pays pour ne pas être la cible du gouvernement iranien.
Deux autres femmes ont partagé une vidéo d’elles en train de trinquer ensemble et boire de l’alcool.
#Iran 🇮🇷
En Iran, certains fêtent la disparition du président Ebrahim Raïssi dont les recherches pour retrouver le site du crash sont toujours en cours. Pour rappel, depuis l'émergence du mouvement "Femme, Vie, Liberté", des centaines de civils ont été pendus par le pouvoir. pic.twitter.com/QcrwnNz2ux— Cartes du Monde (@CartesDuMonde) May 19, 2024
Des feux d’artifice ont été vus à Saghez, ville du Kurdistan iranien dont était originaire Mahsa Amini.
LA NOUVELLE de l’accident de l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raissi dimanche 19 mai a provoqué des scènes de joie en #Iran, comme ici à Saghez, ville du Kurdistan iranien dont était originaire #MahsaAmini, icône du mouvement « Femme, vie, liberté » tuée… pic.twitter.com/7QCA3tVU90
— Armin Arefi (@arminarefi) May 19, 2024
« La flamme de Mahsa Amini brille plus que jamais ce soir ! Ainsi, la mort possible de Raïssi est célébrée à Saghez, le lieu de naissance de Mahsa Amini en Iran. Nous devons faire attention à ne pas interdire aux gens de ressentir ce qu’ils devraient ressentir », a écrit sur X une journaliste germano-yazidi.
Die Flamme von #JinaMahsaAmini, das von Feuer von #JinJiyanAzadi erstrahlt heute Nacht heller denn je! So wird der mögliche Tod von #Raisi in der Geburtsstadt #Saqqez von Jina Mahsa Amini im #Iran gefeiert. Wir sollten uns hüten, den Menschen zu verbieten,wie sie zu fühlen haben. pic.twitter.com/g55MPkBikY
— Düzen Tekkal (@DuezenTekkal) May 19, 2024
De telles scènes ont également été vues à Téhéran, la capitale.
Des feux d'artifice illuminent plusieurs quartiers de Téhéran pour commémorer la mort encore non confirmée du président du régime islamique, Ebrahim Raisi, dans un accident d'hélicoptère. https://t.co/QouAE4IdID pic.twitter.com/Pa3oU7oZ0O
— lettres de Teheran (@LettresTeheran) May 19, 2024
Les Iraniens célèbrent le crash de l'hélicoptère Raïssi avec des feux d'artifice. Ils croient qu'il est mort.
"J'espère que les autres mourront de la même manière", dit la voix sur la vidéo. pic.twitter.com/rjoMTqdK5k— lettres de Teheran (@LettresTeheran) May 19, 2024
Die Flamme von #JinaMahsaAmini, das von Feuer von #JinJiyanAzadi erstrahlt heute Nacht heller denn je! So wird der mögliche Tod von #Raisi in der Geburtsstadt #Saqqez von Jina Mahsa Amini im #Iran gefeiert. Wir sollten uns hüten, den Menschen zu verbieten,wie sie zu fühlen haben. pic.twitter.com/g55MPkBikY
— Düzen Tekkal (@DuezenTekkal) May 19, 2024
Sur les réseaux sociaux, de nombreux posts célébrant la mort du président sont apparus, notamment accompagnés de la mention « Femme, Vie, Libérté », le mouvement réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.
Membre de la Commission de la mort
Âgé de 63 ans, l’ayatollah Raïssi était considéré comme l’un des favoris pour occuper le poste le plus important de la République islamique, celui de Guide suprême, détenu depuis 35 ans par l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans. Il était considéré comme l’un des piliers des camps conservateur et ultraconservateur, qui contrôlent tous les leviers du pouvoir depuis 2020.
Arrivé au milieu de son mandat, Raïssi était sorti renforcé des législatives tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
En 1988, Raïssi avait été procureur adjoint de Téhéran et membre de la Commission de la mort de Téhéran, qui a exécuté des milliers de prisonniers politiques.
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