Mort du cinéaste italien Ruggero Deodato, réalisateur de "Cannibal Holocaust"

Ruggero Deodato en 2008 - Jean-Christophe Verhaegen - AFP
Ruggero Deodato en 2008 - Jean-Christophe Verhaegen - AFP

Le réalisateur italien Ruggero Deodato est mort à l'âge de 83 ans, ont annoncé ce jeudi plusieurs titre de la presse italienne. Ce cinéaste prolifique s'est fait un nom à la fin des années 1970 grâce à une série de films d'horreur aux images extrêmes et réalistes, dont Cannibal Holocaust est sans conteste le plus connu.

Né en 1939 dans la ville italienne de Potenza, Ruggero Deodato a fait ses armes au début des années 1960 en tant qu'assistant réalisateur du maître Roberto Rossellini, comme le rapporte le journal espagnol El Diario, ainsi qu'avec Sergio Corbucci pour le western spaghetti Django.

Il commence sa carrière de réalisateur avec des comédies et des polars, selon Il Post, avant de réaliser des séries et des publicités pour la télévision italienne. Mais c'est en se dirigeant vers l'horreur qu'il se fait réellement connaître. Et plus précisément vers le cannibalisme, auquel il consacrera trois films appelés la "trilogie cannibale": Le dernier monde cannibale en 1977, Amazonia: la jungle blanche en 1985... et, entre les deux, Cannibal Holocaust.

Gore et pionnier

Ce film suit un universitaire et ses deux guides alors qu'ils s'aventurent dans la forêt amazonienne à la recherche d'une équipe de reporters américains portée disparue. Ces derniers avaient pour objectif de réaliser un documentaire sur les populations indigènes cannibales.

Cannibal Holocaust est considéré comme un film pionnier: des années avant les succès du projet Blair witch, de REC ou encore de Paranormal Activity, il utilisait le ressort du "found-footage", lorsqu'un long-métrage se présente comme des images authentiques, filmées par les protagonistes, et retrouvées plus tard sur les lieux d'un drame.

Mais ce sont aussi ses scènes d'une extrême violence mêlant viols, torture, meurtres, castration et, comme l'indique le titre, cannibalisme qui ont permis au film d'accéder à la postérité. Le Guardian rapporte que le réalisme des images a mené Ruggero Deodato devant la justice italienne soupçonné d'avoir réellement tué ses acteurs, ce qu'il a démenti en faisant venir l'un d'entre eux au tribunal.

Censure et condamnation

Certaines scènes de violence envers les animaux, en revanche, n'avaient pas été simulées. D'après Libération, elles ont coûté au cinéaste une condamnation à quatre mois de prison avec sursis:

"Si je pouvais revenir en arrière, j'éviterais les meurtres d'animaux", avait confié Ruggero Deodato à la BBC en 2011. "J'ai payé le prix fort pour ça, notamment en perdant le plaisir de présenter 'Cannibal Holocaust' au public britannique."

Car le film a été interdit dans une quarantaine de pays, dont le Royaume-Uni jusqu'en 2001.

Influence sur Hollywood

D'autres longs-métrages, souvent horrifiques, suviront: La maison au fond du parc, Body Count, Les petites canailles, Vortice mortale... Le dernier d'entre eux, Ballad in Blood, date de 2016. Le réalisateur a aussi occasionnellement officié comme acteur.

De nombreux médias italiens évoquent l'influence de Ruggero Deodato sur de grands noms hollywoodiens, notamment Oliver Stone et Quentin Tarantino. En 2007, quand ce dernier produit le film Hostel, chapitre II du réalisateur Eli Roth, les deux cinéastes confient un petit rôle à Ruggero Deodato: celui d'un cannibale italien.

Article original publié sur BFMTV.com