Aux Mondiaux de cyclisme de Glasgow, le parcours de la course sur route est loin de faire l’unanimité

Le circuit urbain des championnats du monde de cyclisme sur route, déjà emprunté par les catégories de jeunes ce samedi, est loin de faire l’unanimité avant la course hommes, prévue ce dimanche 6 août.
Le circuit urbain des championnats du monde de cyclisme sur route, déjà emprunté par les catégories de jeunes ce samedi, est loin de faire l’unanimité avant la course hommes, prévue ce dimanche 6 août.

CYCLISME - « Le type qui a dessiné ça avait peut-être trop traîné au pub ! » Avec ses innombrables virages, le circuit urbain des Championnats du monde de cyclisme sur route à Glasgow déboussole les stars du peloton, qui s’affrontent ce dimanche 6 août sur un parcours déroutant et critiqué.

Rarement, un tracé aura autant occupé les esprits avant l’épreuve reine des Mondiaux où la Belgique de Remco Evenepoel et Wout Van Aert s’annonce comme le grand favori aux côtés du Néerlandais Mathieu van der Poel et du Slovène Tadej Pogacar. Et où l’équipe de France aura de nombreuses cartes à abattre pour tenter de récupérer le maillot porté pendant deux ans par Julian Alaphilippe.

« On peut y perdre la tête »

« Je n’avais jamais vu un parcours pareil », s’est étonné ce dernier, double champion du monde en 2020 et 2021, rapidement « désorienté » lors de la reconnaissance vendredi. « Ce circuit ne ressemble à aucun autre. On peut y perdre la tête au propre comme au figuré », ajoute son sélectionneur Thomas Voeckler, qui l’a qualifié de « piégeux » avant de déclarer sans ambages qu’il ne « l’aime pas ».

Après 128 kilomètres plutôt classiques au départ d’Edimbourg, la course se décidera sur un circuit de 14,3 km dans Glasgow, à parcourir dix fois, pour une distance totale de 271 km.

Le tracé, tout en montées, descentes et courbes, est un dédale déroutant. Un tourniquet vertigineux, avec 48 virages par tour, soit 480 au total, sur un bitume granuleux, truffé de nids-de-poule rebouchés à la hâte. « Il ne faut pas être malade dans les manèges. À force de tourner, on va avoir envie de vomir à l’arrivée », a préféré plaisanter le sprinteur français Bryan Coquard. Et le Belge Tiesj Benoot de renchérir en évoquant « le moins beau parcours (qu’il a) vu pour un Mondial… »

« Pour un Grand Prix de Formule 1, il est fantastique. Mais pour une course cycliste ce n’est pas ce que je préfère. Le type qui a dessiné ça avait peut-être trop traîné au pub », estime Remco Evenepoel, champion du monde en titre, dans un sourire. Le traceur « devait être bourré », ajoute le puncheur français Benoît Cosnefroy. « Même si le parcours correspond à mes qualités, il n’est pas digne d’un Championnat du monde. C’est fait pour un critérium au mieux », ajoute-t-il, acerbe.

Le BelgeWout Van Aert se veut moins sévère : « Disons que c’est un parcours pour juniors, comme on les aimait quand on était jeunes, sauf qu’il fait 271 km. »

Difficile, mais spectaculaire ?

De l’avis de tous, les as du pilotage seront avantagés sur ce circuit très technique, une pelote de laine faisant penser à un parcours de cyclo-cross. Et qui dit cyclocross dit Wout Van Aert et Mathieu van der Poel, huit titres de champion du monde dans les sous-bois à eux deux.

« Les spécialistes du cyclo-cross seront les favoris. Ils prennent les virages plus vite que les autres, ils ont une conduite naturelle qui leur fait gagner une seconde par ci, une seconde par là », analyse dans les colonnes du Soir l’ancien champion du monde belge Philippe Gilbert qui fait des deux « Van » ses favoris.

« Le parcours peut me convenir », admet Van der Poel qui a déjà couru sur un circuit urbain à Glasgow lors des Championnats d’Europe en 2018. « Mais j’ai l’impression qu’ils ont encore rajouté des virages, développe-t-il. C’est vraiment atypique. On peut attaquer n’importe où et le peloton perd rapidement de vue ceux qui partent à l’avant. Une échappée peut prendre vingt secondes et on ne la revoit plus. Ce sera une course débridée, d’autant qu’on n’a pas d’oreillette lors des Mondiaux. »

Avec autant de virages, les relances seront déterminantes. « Tourner, tourner et accélérer, voilà le programme pour dimanche », résume Jasper Philipsen, le troisième favori belge, récent lauréat du maillot vert de meilleur sprinteur sur le Tour de France. Si la bosse de Montrose Street (200 m à 14 %) est trop courte pour être vraiment sélective, « l’accumulation des efforts va rendre le final très difficile », estime Van der Poel qui s’attend à « une course très dure, à l’usure », pour hommes forts.

Même s’il n’est pas fan du parcours, « le spectacle peut être au rendez-vous », anticipe Evenepoel. Son équipier à l’année chez Soudal-Quick Step, Florian Sénéchal est beaucoup plus réservé. « C’est un circuit de merde, grince le Français. C’est bien quand tu fais un critérium pour le spectacle, mais là ce sont les Championnats du monde. Il faut un minimum de respect pour les coureurs qui ne sont pas venus pour faire le show et se péter la clavicule… S’il pleut, ce sera la course à la mort. »

Une chose est sûre en tout cas : le circuit a beau être tortueux, il peut réussir aux tricolores. À l’image de la jeune Française Julie Bego, 18 ans, qui s’est imposée ce samedi sur la course junior, treize ans après l’emblématique Pauline Ferrand-Prévot.

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