La Moldavie accuse la Russie de préparer un coup d’État pour renverser la présidence pro-Europe

La Russie a démenti mardi tout « plan de déstabilisation de la Moldavie », la présidente moldave Maïa Sandu (à droite) ayant accusé la veille Moscou de préparer de « violentes attaques » dans son pays, un voisin pro-occidental de l’Ukraine.
AFP La Russie a démenti mardi tout « plan de déstabilisation de la Moldavie », la présidente moldave Maïa Sandu (à droite) ayant accusé la veille Moscou de préparer de « violentes attaques » dans son pays, un voisin pro-occidental de l’Ukraine.

INTERNATIONAL - Une nouvelle étape de la stratégie russe, après l’invasion de l’Ukraine ? Évoquant de « violentes attaques » et des « prises d’otages » la présidente moldave Maia Sandu a détaillé lundi les projets présumés de Moscou pour renverser le pouvoir pro-européen en place à Chisinau. Un renforcement des mesures de sécurité a d’ailleurs été annoncé, malgré un démenti de Moscou ce mardi 14 février.

« Le plan prévoit des attaques d’édifices étatiques et des prises d’otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civil », a insisté Maia Sandu devant la presse. « L’objectif est de renverser l’ordre constitutionnel et de remplacer le pouvoir légitime de Chisinau par un pouvoir illégitime », a ajouté la cheffe d’État, en poste depuis décembre 2020.

Évoquées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles la semaine dernière, ces informations proviennent de documents interceptés par les services secrets ukrainiens. Les renseignements moldaves avaient alors confirmé l’information sans donner de détails, disant avoir « identifié des activités visant à affaiblir et déstabiliser » cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants située entre la Roumanie et l’Ukraine.

« La sécurité des citoyens et du pays est notre préoccupation principale et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger la paix et l’ordre public. Les tentatives du Kremlin ne réussiront pas », a conclu la présidente, épaulée dans cette tâche par un nouveau Premier ministre, Dorin Recean.

D’après elle, le Kremlin compte sur « l’implication de forces internes » comme le parti de l’oligarque prorusse en fuite Ilan Sor, mais aussi de possibles ressortissants russes, biélorusses, serbes et monténégrins. Dans ce contexte, Maia Sandu a donc annoncé un projet législatif visant à donner aux procureurs et aux services de renseignements « les instruments nécessaires pour combattre efficacement les risques de sécurité nationale ».

Le Kremlin dément toute tentative de déstabilisation

La Moldavie, candidate depuis l’été 2022 à l’entrée dans l’Union européenne, traverse les crises depuis le début de la guerre en Ukraine et dénonce depuis plusieurs mois « le chantage énergétique de la Russie », qui a diminué de moitié ses livraisons en gaz. Mais Chisinau doit aussi composer avec la présence de soldats russes et d’un important stock de munitions dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie.

La Russie, accusée frontalement, a sans surprise démenti tout « plan de déstabilisation de la Moldavie ». Les affirmations de la dirigeante moldave « sont absolument infondées et sans preuves », a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il accuse en outre l’Ukraine d’être à l’origine de cette « désinformation » pour nourrir les tensions entre Moscou et Chisinau. Les États-Unis, alliés à l’Ukraine dans le conflit démarré il y a près d’un an, se sont dits « profondément préoccupés » par ces rumeurs de coup d’État.

Espace aérien moldave fermé et avions interceptés

Début février, Sergueï Lavrov, ministère russe des Affaires étrangères avait déjà évoqué l’option d’une opération similaire à celle menée en Ukraine sur le territoire moldave, lors d’une interview televisée dont un extrait avait été publié par le média Nexta.

Sans détour, Sergueï Lavrov avait affirmé que « la Moldavie est considérée », après une question du journaliste sur les pays autour de la Russie qui pourraient connaître le même destin que l’Ukraine.

« D’abord, parce qu’ils ont mis une présidente à la tête du pays en utilisant des méthodes qui sont loin d’être démocratiques. Une présidente qui a surtout envie de rejoindre l’Otan, a la citoyenneté roumaine, est prête à unifier son pays avec la Roumanie, et de manière générale, qui est prêt à presque tout », avait même tenu à justifier le chef de la diplomatie russe.

Parmi les derniers exemples en date des tensions croissantes entre Moscou et ses voisins européens : la fermeture temporaire de l’espace aérien moldave et l’interception de trois avions militaires russes près de la Pologne ce mardi.

« Chers passagers, l’espace aérien moldave est actuellement fermé », a notamment écrit Air Moldova sur son compte Facebook, en annonçant l’arrêt des vols. En Moldavie, les médias locaux citent « des raisons sécuritaires ». Le survol de la Moldavie était interdit depuis 11h24 (10h24 à Paris) avant de finalement rouvrir à 14h47 (13h47 à Paris).

Concernant les avions russes, c’est le ministère néerlandais de la Défense qui a annoncé l'interception de trois avions militaires russes par deux chasseurs néerlandais F-35, comme le rapporte Skynews. « Après identification, il s’est avéré qu’il s’agissait de trois avions : un IL-20M Coot-A russe qui était escorté par deux Su-27 Flankers. Les F-35 néerlandais ont escorté la formation à distance et ont remis l’escorte aux partenaires de l’OTAN, », a poursuivi le ministère de la Défense, sans faire de commentaires supplémentaires.

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