Moins cher, discret, difficile à abattre... Les atouts d'un "ballon espion" comparé à un satellite

Des relations diplomatiques qui se tendent. Ce samedi, Pékin a estimé que le survol controversé aux États-Unis d'un ballon d'observation chinois servait de prétexte pour "diffamer" la Chine. Dans un premier temps, les autorités chinoises avaient évoqué une intrusion "involontaire" et avaient exprimé leurs "regrets".

Au vu de cette affaire qui fait grand bruit aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté sa visite prévue dimanche et lundi à Pékin. Elle était pourtant censée apaiser les tensions avec le rival chinois. Elle est reportée à une date ultérieure, quand "les conditions seront réunies", selon un haut responsable du secrétariat d'État sous couvert d'anonymat.

Difficiles à repérer

Il faut dire que l'apparition de ce ballon pose d'épineuses questions. Contacté par l'AFP, William Kim, spécialiste des ballons de surveillance au centre de réflexion Marathon Initiative de Washington confirme que ces aéronefs sont de puissants outils de surveillance, de surcroît difficiles à abattre.

De moins en moins utilisés depuis la fin de la Guerre froide au profit des satellites de reconnaissance, les ballons n'en restent pas moins des outils redoutables, avec de nets avantages par rapport à ses successeurs bien plus exposés aux attaques terrestres et spatiales.

De plus, les ballons présentent d'autres atouts, dont leur capacité d'échapper à la surveillance des radars. "Ils sont faits en matériaux qui ne réfléchissent pas la lumière, ils ne sont pas en métal. Donc même s'ils peuvent être plutôt gros (...) les détecter sera une difficulté".

S'ils sont assez petits, les dispositifs d'espionnage et la charge utile de ces aéronefs peuvent même passer inaperçus. En ce qui concerne le ballon repéré au-dessus du territoire américain, il ressemble à la Lune et est difficilement remarquable.

Plus large liberté d'action

Auprès de CNN, Peter Layton, membre du Griffith Asia Institute en Australie, et ancien officier de la Royal Australian Air Force, pointe d'autres avantages des ballons par rapport aux satellites. Selon lui, les satellites sont "plus prévisibles dans leur dynamique orbitale" en plus d'être plus économiques. Leur lancement est en effet bien moins onéreux que celui d'un satellite.

"Un avantage des ballons est qu'ils peuvent être dirigés à l'aide d'ordinateurs de bord pour tirer parti des vents. Ils peuvent aussi monter et descendre dans une mesure limitée. Cela signifie qu'ils peuvent 'flâner' dans une mesure limitée", ajoute-t-il.

"Un satellite ne peut pas 'flâner' et il en faut tellement pour sillonner une zone d'intérêt afin de maintenir la surveillance", ajoute-t-il.

Il est rejoint par William Kim, qui dans ses observations pointe le fait que contrairement aux satellites, les ballons ont aussi l'avantage de pouvoir maintenir une position stationnaire au-dessus d'une cible à surveiller. "Ils peuvent survoler une même position pendant des mois", assure l'expert.

Indestructibles?

Autre avantage, et pas des moindres, sa résistance aux attaques extérieures. Si un satellite peut être détruit instantanément par un tir, ce n'est pas le cas pour les ballons, qui sont quant à eux difficiles à éliminer.

"Ces ballons fonctionnent à l'hélium (...) vous ne pouvez pas juste lui tirer dessus et le faire prendre feu" comme un dirigeable, détaille encore William Kim. "Ce ne sont pas des choses qui explosent ou éclatent", poursuit-il. "Si vous le trouez, il va juste se dégonfler très lentement".

Il rappelle qu'en 1998 l'armée de l'air du Canada a envoyé un avion de combat F-18 pour tenter d'abattre un ballon météo considéré comme voyou. "Ils l'ont criblé d'un millier de munitions de 20 millimètres. Et cela a quand même pris six jours avant qu'il redescende", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com