Modifier les bactéries pour en faire des médicaments

Ces micro-organismes entrent dans la conception des antibiotiques, de l'insuline, ou encore des hormones de croissance. Mais des chercheurs veulent aller plus loin en modifiant génétiquement les bactéries pour les utiliser comme des "médicaments vivants" qui cibleront mieux les traitements et permettront ainsi d'éviter les effets indésirables.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°919, daté septembre 2023.

À l'origine de 7,7 millions de décès en 2019, les infections bactériennes constituent la deuxième cause de mortalité dans le monde - juste derrière les troubles cardiaques. Mais avant l'apparition des antibiotiques, elles étaient probablement la principale cause de mortalité de notre espèce. Et pourtant, les bactéries comptent aussi parmi nos plus grandes alliées, de la fermentation utilisée depuis la préhistoire pour fabriquer bière, vin ou fromages jusqu'aux nombreux produits pharmaceutiques qu'elles permettent désormais de produire : insuline, anticancéreux, hormones de croissance, antibiotiques…

La microbiologie a en effet appris à apprivoiser quelques espèces de ces organismes unicellulaires pour les molécules d'intérêt thérapeutique qu'elles produisent. Mais à voir l'augmentation significative des publications scientifiques en ce sens ces derniers mois, cette domestication est peut-être en passe de franchir un cap : administrer non plus des molécules produites en culture, mais des bactéries entières, modifiées pour en faire des "médicaments vivants".

Une nanomachine sécrétant des nanocorps dans l'intestin

"Ces bactéries modifiées ont du potentiel, car elles pourraient être utilisées pour mieux cibler le traitement et éviter ainsi des effets indésirables. Certaines équipes sont même parvenues à générer des réponses immunitaires contre des tumeurs (lire l'encadré ci-dessous), s'enthousiasme Cammie Lesser, microbiologiste à l'Université Harvard (États-Unis). Sans compter les avantages économiques potentiels : ces bactéries peuvent produire directement dans le corps un médicament ou un anticorps, réduisant ainsi les coûts de fabrication. "

L'équipe de la chercheuse a pour sa part mis en pratique cette stratégie pour tenter de contrer la réaction auto-immune à l'origine de la rectocolite, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin. La bactérie Escherichia coli a [...]

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