Ces modérateurs de contenu pakistanais qui rêvent de changer de carrière

Ils sont diplômés en ingénierie, en sciences de l’environnement, ou en gestion d’entreprise, et ils visaient des carrières dans le monde de la tech. Faute de perspectives professionnelles dans leur pays, ils ont dû devenir modérateurs de contenu. Un métier auquel ils rêvent aujourd’hui d’échapper.

C’est le tableau peu réjouissant que brosse le site spécialisé en technologie Rest of World, qui raconte le quotidien du métier de modérateur de contenu au Pakistan.

Rendue populaire pendant la pandémie, à un moment où “toutes les autres possibilités de travail dans la technologie semblaient limitées”, la modération de contenu est un vivier d’emploi de plus en plus important dans le pays. En 2023, TikTok déclarait avoir supprimé plus de 9 millions de messages rédigés par des utilisateurs pakistanais, soit 5 millions de plus qu’en 2021.

Un atelier de misère

En 2020, les plateformes chinoises telles que TikTok ou Bigo Live ont lancé des campagnes de recrutement de modérateurs, elles qui souhaitaient “embaucher localement” pour “apaiser” le gouvernement pakistanais, qui les avait “accusées de faire circuler des contenus ‘obscènes’ et ‘illégaux’”, précise Rest of World. En 2021, TikTok avait déjà embauché près de 500 modérateurs au Pakistan, selon l’Autorité pakistanaise des télécommunications.

Nombreux sont ceux qui se sont tournés vers ce métier à titre temporaire, en raison du manque de choix sur le marché de l’emploi. Au rythme de 1 200 vidéos visionnées par jour, ils se disent aujourd’hui épuisés et lassés par un métier souvent comparé à un “atelier de misère”, assure le site.

Souvent, ils ne peuvent démissionner, parce que ledit métier est largement “stigmatisé” dans l’industrie technologique et que “les compétences acquises ne sont pas réemployables au sein d’un autre poste”, souligne Rest of World.

Par ailleurs, ce travail est très peu encadré sur le plan gouvernemental. “Les droits des travailleurs en matière de modération de contenu sont à peine abordés au Pakistan”, déplore Shmyla Khan, chercheuse en droits numériques. Si les gouvernements pakistanais successifs ont souvent mis l’accent sur l’“économie numérique” du pays pour rendre ce métier attractif auprès des jeunes actifs, il n’existe pas de réel suivi, conclut-elle.

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