Mixité scolaire: après plusieurs reports, Pap Ndiaye présente finalement son plan à la presse... par SMS

Mixité scolaire: après plusieurs reports, Pap Ndiaye présente finalement son plan à la presse... par SMS

Le jour J était enfin arrivé. Après plusieurs reports successifs, Pap Ndiaye devait présenter ce jeudi son plan pour la mixité scolaire et sociale à l'école, un sujet que le ministre de l'Éducation nationale a érigé en priorité. Mais son grand moment n'a pas eu lieu. Loin de là.

L'historien a dû se contenter de miettes. Pas d'annonces devant la presse comme cela était prévu au départ, mais seulement auprès des recteurs. Aux journalistes chargés de suivre le dossier? Un court SMS de son cabinet a été envoyé à 15h30.

Pour fixer notamment un objectif: la réduction "des différences de recrutement social entre les établissements de 20% d'ici à 2027". "Ok, mais on fait comment?", questionne Matthieu Croissandeau , éditorialiste politique sur BFMTV.

"C'est un peu là que le bât blesse car du côté du public, il n'y a pas de mesures contraignantes, de modèle unique".

"Guerre scolaire"

Et le privé, censé contribuer également à ce plan? Il faudra attendre encore une semaine. Un accord négocié avec l'enseignement catholique devrait être dévoilé le 17 mai. Du moins, si tout se passe comme prévu, la communication du ministre étant verrouillée depuis son arrivée rue de Grenelle, voilà près d'un an.

La réponse des revirements de ce jeudi se trouve donc, sans surprise, "au sommet de l'État où on a jugé son plan mal embarqué", selon Matthieu Croissandeau.

"Toucher à la mixité sociale, c'est un objectif louable et nécessaire vu du ministère, mais sur le terrain ça coince souvent parce que les parents d'élèves sont en colère".

Pap Ndiaye marche également sur des œufs avec l'enseignement privé. Si ce dernier souhaite notamment augmenter la proportion d'élèves boursiers dans ce secteur, "beaucoup dans la majorité redoutent de le voir rallumer la 'guerre scolaire'", observe Matthieu Croissandeau.

L'exécutif, très affaibli par la réforme des retraites, veut visiblement éviter l'ouverture d'un nouveau front. D'autant plus en pleine période des "100 jours d'apaisement", annoncés par Emmanuel Macron le 17 avril dernier.

"Pap Ndiaye n'est jamais parvenu à se muer en homme politique"

Mais la séquence interroge sur l'avenir du ministre de l'Éducation nationale. "Beaucoup dans la majorité se désolent que le ministre de l'Éducation nationale soit aussi discret, qu'il n'arrive pas à s'imposer ou même exister", analyse encore Matthieu Croissandeau.

C'est peu dire que le successeur de Jean-Michel Blanquer ne bénéficie pas d'un soutien franc et massif de ses collègues. Pire: Emmanuel Macron lui a grillé la priorité, en annonçant à sa place une augmentation du salaire des enseignants le 20 avril dernier, dans l'Hérault.

Présent aux côtés du président de la République ce jour-là, Pap Ndiaye s'est de nouveau rendu sur le terrain quatre jours plus tard à Lyon. Chahuté à l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation (INSPE), où il était attendu, son retour à Paris a été tout difficile. Le ministre a été momentanément bloqué dans son train gare de Lyon en raison de la présence de manifestants qui l'attendaient avec des casseroles. Avant de finalement être exfiltré sous escorte policière, en passant par une sortie éloignée des manifestants.

Comme un symbole de sa fragilité, même si de nombreux membres du gouvernement ont reçu un accueil similaire.

"Issu de la société civile, Pap Ndiaye n'est jamais parvenu à se muer en homme politique", conclut Matthieu Croissandeau. Et d'interroger: "mais on peut se demander aussi pourquoi l'avoir choisi pour le symbole, si c'est pour l'entraver juste après l'avoir nommé."

Article original publié sur BFMTV.com