Mister France 2023: dans les coulisses d'une élection en manque de notoriété

Une troupe de jeunes homme apprêtés et pleins d'espoir s'est regroupée samedi soir dans les coulisses du théâtre de Poissy en banlieue parisienne. 27 garçons venus des quatre coins de la France et des Outre-mers s'y sont mesurés les uns aux autres pour remporter l'écharpe de Mister France 2023, équivalent masculin du concours de beauté centenaire retransmis chaque année sur TF1.

Contrairement à leurs homologues féminines, les candidats au titre de plus bel homme de France n'ont pas eu droit à un spectacle télévisé. Sans doute le symbole le plus flagrant du traitement médiatique inégal entre les deux élections.

Créé en 1993, le concours Mister France est depuis passé de main en main sans parvenir à s'imposer dans le paysage médiatique, malgré quelques élections diffusées à la télévision (TF1 en 2003, NRJ12 en 2010 et 2011). Celle de samedi soir a marqué la 21e édition depuis une refonte opérée en 2001.

Des "mentalités" à faire "évoluer"

Cet historique un peu chaotique, couplé à la relative jeunesse du concours, expliquent le manque de résonance de Mister France auprès du grand public. Mais il y a d'autres paramètres à prendre en compte:

"Les programmateurs (de télévision) sont des hommes, et ils ont tendance à faire des émissions autour de la femme", analyse François Deixonne, ancien délégué régional du concours Mister France avant d'en prendre les rênes en 2019.

Tel une Geneviève de Fontenay ou une Sylvie Tellier au masculin, François Deixonne accompagne le garçon élu durant de son année de règne. Cet homme de 63 ans chaperonne le concours chaque année et le finance "avec ses petits bras musclés": en 2023, il a pu compter sur plusieurs sponsors, notamment la marque de sous-vêtements Empetus. Son prochain objectif sera de "signer avec un producteur".

Pendant les douze derniers mois, son poulain était Lenny Tabourel, élu Mister France 2022. Ce coach bien-être de 24 ans, venu en personne remettre son écharpe à son successeur, estime quant à lui que "les mentalités" ont aussi leur rôle à jouer dans le rayonnement moindre du concours de beauté masculin:

"Une femme comme un homme peuvent regarder une femme défiler en bikini. C'est plus contraignant qu'un homme en regarde un autre en maillot de bain. Mais ça va évoluer, j'en suis convaincu."

Profs en collège, horlogers ou futurs médecins

Cette différence de traitement n'empêche en rien l'élection de Mister France de respecter tous les codes des concours de beauté. Comme les Miss, les 27 candidats de l'élection 2023 ont effectué un voyage de préparation (à Praia, capitale du Cap-Vert). Comme elles, ils y ont été soumis à un test de culture générale, qui comptait pour 20 points dans le résultat final. Et comme elles, ils incarnent un vaste aperçu de la jeunesse française.

Les candidats au titre de Mister France doivent correspondre à quelques critères stricts: avoir entre 18 et 30 ans, mesurer au moins 1,75 mètre, être célibataires et sans enfant. Au-delà de ces quelques prérequis, difficile d'établir un profil-type.

Étudiant en médecine, chef de chantier dans les travaux publics, horloger, futur comptable, coach sportif... les Misters présentent des parcours aussi divers que leurs régions. "J'ai beaucoup de retours de mes élèves sur les réseaux sociaux", s'amuse ainsi Anthony Favard, Mister Pays Bordelais et professeur d'histoire-géographie en collège. "Ça me touche énormément et ça me donne une motivation supplémentaire."

En revanche, tous ou presque se présentent à l'élection avec une cause à défendre: la recherche médicale, la protection de l'environnement ou la lutte contre le harcèlement scolaire ont été particulièrement mises en avant dans les discours prononcés par les candidats au cours de la soirée. De même, ils sont nombreux à attendre de ce concours qu'il leur ouvre des portes. En coulisses, plusieurs évoquent les mondes du cinéma, du mannequinat ou des médias.

Face à une salle de 1400 places, les 27 Mister ont présenté une chorégraphie de groupe suivie de trois défilés (torse-nu, en maillot de bain et enfin en costume) et se sont présentés à tour de rôle. Le tout sous les acclamations d'un public ultra enthousiaste, aussi bien composé de femmes que d'hommes, et essentiellement constitué de proches des candidats. Mais plus que ces spectateurs entièrement acquis à leur cause, c'est un jury de huit personnalités qu'ils ont dû convaincre. Et notamment la prestigieuse présidente de ces juges d'un soir, Nathalie Marquay, Miss France 1987. Un autre signe de la volonte d'associer le concours Mister France à celui des Miss:

"Ce n'est pas encore assez médiatisé mais je suis sûre que ça va venir", confiait-elle à BFMTV.com quelques instants avant le spectacle. "C'est bien de faire l'élection de Mister France, c'est important de représenter aussi l'homme."

Au terme de la soirée et des délibérations du jury, c'est Lisandre Van Muylders, Mister France Corse, qui a remporté l'écharpe de Mister France. Un peu hébété de cette victoire à laquelle il ne s'attendait "pas du tout", ce coach sportif au visage angélique encadré de bouclettes blondes a récupéré un bouquet des mains de l'ancienne Miss, avant une année sans doute chargée.

Car contrairement à Miss France, qui met sa vie entre parenthèses durant son année de règne, le plus bel homme de France conjugue son quotidien habituel avec ses divers engagements: des salons, des interviews, quelques passages télévisés, sa participation à toutes les élections régionales...

Encore abasourdi de sa victoire, Lisandre Van Muylders a également fait part de sa détermination à mettre son mandat au service de la médiatisation du concours: "Je vais essayer de développer le comité Mister France, qui mérite de monter." Rendez-vous en 2024.

Article original publié sur BFMTV.com