Missy Elliott, Kate Bush et George Michael au panthéon de la musique américaine
Missy Elliott, Kate Bush et Willie Nelson ont rejoint le panthéon du rock vendredi soir à New York lors d'une cérémonie de l'élite musicale américaine, dont certains artistes présents ont dénoncé la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
Le défunt George Michael, la rockeuse Sheryl Crow, le groupe de R&B The Spinners figurent également dans le cru 2023 du Rock & Roll Hall of Fame, le panthéon du rock qui s'est ouvert dès sa première édition en 1986, à d'autres genres: soul, blues, R&B, folk, country puis rap.
Tom Morello du groupe californien Rage Against the Machine a posé pour les photographes avec une feuille de papier proclamant "CESSEZ-LE-FEU", en marge du concert de gala au Barclays Center de Brooklyn.
"Une planète qui soit plus humaine, en paix et juste"
Il n'a pas ouvertement évoqué la situation dans la bande de Gaza bombardée et assiégée par Israël depuis l'attaque sanglante du Hamas sur son sol, le 7 octobre.
"Le monde est changé par les gens ordinaires (...) qui veulent s'engager pour un pays et pour une planète qui soit plus humaine, en paix et juste", a seulement plaidé le musicien, en recevant la récompense au nom de son groupe aimé pour sa musique et ses engagements politiques.
Son discours enflammé a été suivi par la prestation de Missy Elliott, la première femme star du hip-hop, à entrer au panthéon, qui a été intronisée par Queen Latifah.
Vêtue d'une casquette dorée scintillante et d'un survêtement assorti, Missy Elliott, en larmes, s'est dite "honorée" et a rappelé que le hip-hop avait fêté cet été ses 50 ans à New York.
Dans les "rangs sacrés"
En intronisant l'icône texane de la country, Willie Nelson, 90 ans, l'artiste Dave Matthews a fait également référence au conflit entre Israël et le Hamas.
"Nous vivons dans un monde où des bombes sont larguées sur des enfants et où l'on parle de dommages collatéraux". Mais "ce sont des gens comme Willie Nelson qui me donnent de l'espoir", a-t-il déclaré, à propos du militant anti-guerre aux nattes longues.
Le défunt George Michael a été intronisé par l'autre membre du groupe Wham!, Andrew Ridgeley, et un medley a été joué sur scène par Miguel, Adam Levine et Carrie Underwood, reprenant notamment One More Try.
George Michael, mort en 2016, "aurait été ravi et flatté de son entrée dans ces rangs sacrés", selon Andrew Ridgeley. "George était l'un des plus grands chanteurs de notre époque (...). Sa douleur a guéri la nôtre et sa grâce a donné de l'espoir", a-t-il ajouté.
Kate Bush, intronisée mais absente
La rockeuse Sheryl Crow a pour sa part entonné ses plus grands tubes, notamment If It Makes You Happy avec Olivia Rodrigo, rejointes ensuite par Stevie Nicks et Peter Frampton.
"Toute mon énergie a été consacrée à l'expression de mes expériences à travers la musique et les mots, et voilà que j'ai reçu en retour de ce que j'ai donné", a déclaré Sheryl Crow.
Le rappeur Big Boi a intronisé la célèbre autrice compositrice et musicienne britannique Kate Bush, 65 ans, qui avait annoncé qu'elle "ne pourrai(t) pas assister" à la cérémonie, mais a dit son "honneur" d'être récompensée par "le coeur battant de l'industrie musicale américaine", selon un communiqué.
Le prestigieux Rock and Roll Hall of Fame a sondé plus de 1.000 musiciens, historiens de la musique, cadres de l'industrie musicale pour faire ses choix. Pour en être, il faut au moins 25 ans de carrière après le premier succès commercial.
Épinglé pour son manque de diversité
Établi à Cleveland (Ohio), dans le nord des États-Unis, le Rock and Roll Hall of Fame est l'un des piliers de cette industrie, comme l'est la Recording Academy qui chapeaute les Grammy Awards, les Oscars de la musique.
Ce panthéon a dû, comme nombre d'institutions de la culture et du divertissement aux États-Unis, faire des efforts pour sa politique en matière de diversité: être moins masculin et moins blanc. Whitney Houston, Aretha Franklin et Madonna y ont notamment été intronisées mais les femmes représentent à peine 10% du millier de membres du Hall of Fame depuis 1986.
L'institution a été secouée par une polémique en septembre. Jann Wenner, homme d'affaires américain de 77 ans et fondateur en 1967 du respecté magazine culturel Rolling Stone, a été débarqué du conseil d'administration du Hall of Fame pour des propos jugés racistes et sexistes dans le New York Times.