Missak Manouchian au Panthéon : la présence de Marine Le Pen pose problème, voici pourquoi

POLITIQUE - C’est le sujet qui parasite l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, de sa femme Mélinée et de ses 23 compagnons : Marine Le Pen peut-elle assister à une cérémonie organisée en l’honneur de ces héros résistants, communistes, antifascistes et internationalistes ? Pas vraiment, a répondu Emmanuel Macron.

Manouchian au Panthéon : le RN justifie la présence de Le Pen malgré la demande de Macron et des proches

Le président de la République a effectivement affirmé dans L’Humanité que l’extrême droite dont le RN serait « bien inspiré » de ne pas participer à la cérémonie. Une exclusion symbolique que refuse Marine Le Pen, qui a annoncé son intention de participer en dépit de la polémique et des propos qu’elle juge « outrageants » du chef de l’État. Mais alors, pourquoi ça coince ? Réponse dans notre vidéo en tête d’article.

Le poids de l’Histoire

Petit rappel historique pour commencer. Le Front national, devenu Rassemblement national, a été créé en 1972. Et l’homme qui a déposé les statuts du parti en préfecture en compagnie de Jean-Marie Le Pen, n’était autre que Pierre Bousquet : un ancien collaborationniste ayant servi dans la division Charlemagne de la Waffen SS. Un ancien nazi, qui fut d’ailleurs le premier trésorier du parti lepéniste, poste qu’il a occupé pendant neuf ans.

On peut aussi citer François Brigneau, qui a été vice-président du FN après avoir fait ses classes au sein de la milice de Vichy. Une charge historique particulièrement lourde que beaucoup jugent incompatible avec l’hommage que la Nation rend à des partisans antifascistes tombés sous les balles nazies.

Le profil des héros célébrés

Autre rappel historique : Missak Manouchian et ses compagnons étaient membres des FTP−MOI (ce qui signifie Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée). Tous ces héros étaient donc étrangers et considérés à leur époque comme clandestins. D’où l’émoi provoqué par la présence du RN, un parti qui a fait de la lutte contre l’immigration (et de la peur de l’étranger en général) sa colonne vertébrale.

Par ailleurs, tous étaient communistes et internationalistes, portant donc des valeurs diamétralement opposées au nationalisme défendu par le FN, puis le RN, durant des décennies. Autant d’éléments qui rendent la présence de Marine Le Pen plutôt malvenue, d’autant que ses lieutenants ne cessent d’insulter les communistes en guise de contre-feu.

Des proches sont réticents

Pour toutes ces raisons, plusieurs proches des héros panthéonisés ce mercredi ont fait savoir qu’ils s’opposaient à sa présence. Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, (ancien chef des FTP-MOI ayant été fusillé avec Missak Manouchian) a officiellement demandé à Marine Le Pen de s’abstenir. Même chose pour l’un des descendants de Cesare Luccarini, également fusillé le 21 février 1944.

Des réserves qui ne suffisent pas à Marine Le Pen, qui maintient coûte que coûte sa participation. Pourtant, il y a quelques jours, elle avait renoncé à se rendre à l’hommage national rendu à Robert Badinter, à la demande de la famille de l’ex-ministre de la Justice. Une marque de respect qu’elle ne compte pas reproduire ce mercredi.

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