Miss France 2024 : L’hommage à Geneviève de Fontenay ne gommera pas sa vision problématique des femmes

TF1 rendra hommage à Geneviève de Fontenay dans le concours Miss France 2024 le 16 décembre.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP TF1 rendra hommage à Geneviève de Fontenay dans le concours Miss France 2024 le 16 décembre.

MISS FRANCE - Ses chapeaux resteront dans l’histoire et ses propos problématiques, aussi. Si Alexia Laroche Joubert se vante de vouloir depuis quelques années « une Miss France moderne », impossible pour l’édition 2024 du concours de passer outre un hommage à Geneviève de Fontenay, connue elle pour ses sorties rétrogrades.

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Décédée en août dernier, Geneviève de Fontenay a dirigé le comité Miss France entre 1981 et 2010, et aujourd’hui encore, son nom et son image sont inextricablement liés au concours de beauté.

Entre les défilés en robes de soirées et en maillots de bain et les autres tableaux artistiques, la dame au chapeau devrait donc faire une apparition sur TF1 ce samedi 16 décembre, dans un format qui n’a pas été précisé par la chaîne. Il est certain en revanche que la séquence n’aurait pas plu à l’intéressée qui avait déjà boudé l’édition du centenaire du concours en 2020. Un exemple parmi la pléthore d’anecdotes et de déclarations illustrant le rapport décalé de la dame au chapeau avec l’époque.

La vision des femmes de Geneviève de Fontenay

Répondant à une question de Télé Loisirs en 2017 sur le mouvement #MeToo, elle expliquait sans filtre : « Quand tu vois des filles qui sont là, dans la rue, avec des jupes au ras des fesses, et le devant à peu près la même chose, bon bah les mecs qui passent, ils disent ’ah, elle est bonne celle-là’. (...) Au festival de Cannes, j’ai vu des filles, elles étaient pratiquement nues sous leur robe transparente. Donc, la femme essaye toujours d’accrocher malgré tout le partenaire éventuel ».

Pour Geneviève de Fontenay, tout ce qui relevait du sexy appartenait au registre de la vulgarité. L’évènement qui illustre le mieux cela est certainement l’affaire des photos de Valérie Bègue, Miss France 2008. Peu après son élection, d’anciennes photos suggestives de l’ex-Miss Réunion sortent dans Entrevue et Choc, déclenchant l’ire de la présidente. La Miss France fraîchement élue est accusée d’avoir enfreint les règles du concours.

Geneviève de Fontenay exige alors sa démission, qu’elle n’obtiendra pas. Elle sera néanmoins accompagnée à certains évènements et lors des concours internationaux par la 2e dauphine de Valérie Bègue, Laura Tanguy. « Pour rien au monde je ne me promènerai dans les provinces et dans les communes avec une fille comme ça », avait déclaré Geneviève de Fontenay.

Refusant de faire évoluer le concours avec l’époque, Geneviève de Fontenay en avait claqué la porte, en le cédant pour dix millions d’euros. Endemol et sa patronne Alexia Laroche-Joubert avaient ensuite décidé d’assouplir certains points du règlement, autorisant par exemple les femmes mariées, les mères, les femmes de plus de 24 ans, de moins d’1m70, mais aussi les femmes tatouées et les femmes transgenres à concourir.

Impensable pour Geneviève de Fontenay, qui ne cachait pas sa colère à Ici Paris en août 2022. « Miss, ça veut dire mademoiselle. Alors pourquoi permettre à des femmes qui ont des enfants de participer ? Pourquoi supprimer le critère de taille ? Et le plus insupportable pour moi, pourquoi ouvrir le concours à des transgenres (sic) ? Ça me met hors de moi ! Qu’elle crée Miss Maman ou Miss Transgenre ! Ça ne rime à rien de tout bouleverser comme ça et je ne donne pas cher de l’avenir ».

Geneviève de Fontenay figée dans le passé

Ces propos transphobes avaient achevé de ternir l’image surannée de Geneviève de Fontenay, qui refusait de voir s’ouvrir les portes trop étroites d’un concours de beauté.

Cette dernière s’était même insurgée que les participantes au concours soient désormais payées, au micro de Sud Radio en 2021. « Et des Miss veulent se faire payer pour l’élection ! Je n’arrive pas à comprendre un truc pareil. Demander un contrat de travail pour cela… Quel genre de travail ? Miss France, c’est représenter sa région, la mettre en valeur. Vous parlez d’un travail ! C’est honteux ». Une évolution pourtant instaurée après une décision de justice

L’association Osez le féminisme avait porté plainte aux Prud’hommes pour discrimination contre Endemol, estimant que la société « utilise des femmes pour fabriquer un programme audiovisuel extrêmement lucratif tout en bafouant le droit du travail. »

Geneviève de Fontenay ne s’en était jamais cachée, le concours Miss France visait pour elle à « mettre en valeur l’élégance française », et ce qu’était, selon elle, censée être une « demoiselle française ». Oubliant que les femmes d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier, et probablement pas non plus celles de demain.

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