La minute antique - Navalny, Socrate russe ?

« La mort de Socrate », huile sur toile, David (1787). - Credit:akg-images
« La mort de Socrate », huile sur toile, David (1787). - Credit:akg-images
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L'opposant à Poutine, mystérieusement décédé dans sa prison polaire de Kharp, a perdu la vie le même jour ou presque que le philosophe grec : le 15 février pour ce dernier, le 16 pour Navalny. Si 2 423 années et des différences certaines les séparent, leur mort renforce cependant une stupéfiante proximité de destins : deux opposants charismatiques à un pouvoir qui les châtie par le poison, la ciguë pour Socrate, le Novitchok pour Navalny en 2020. Deux refuzniks de la peur, aussi : « Les vrais philosophes s'exercent à mourir et sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort », professait Socrate à ses compagnons. « Je ne me tairai pas et j'espère que tous ceux qui m'entendent ne se tairont pas », lançait aux siens Navalny après sa condamnation de l'invasion de l'Ukraine. Certains s'étonnent que, devant une mort annoncée, ce dernier ait tenu à rentrer en Russie ? L'explication est pourtant toute socratique, le philosophe ayant lui aussi refusé l'exil proposé par ses proches : « Ce que vous ensevelissez, ce ne sera que mon corps. » §