La minute antique : Homère au Proche-Orient

« Hector tué par Achille », huile sur toile de Pierre-Paul Rubens (1630-1632, musée des Beaux-Arts de Pau). - Credit:Bridgeman Images
« Hector tué par Achille », huile sur toile de Pierre-Paul Rubens (1630-1632, musée des Beaux-Arts de Pau). - Credit:Bridgeman Images

« La tête, naguère charmante, gisait dans la poussière / Zeus avait permis à ses ennemis de l'avilir, sur sa terre natale. » Il y a des textes anciens qui, en ce moment, retrouvent une tragique actualité. L'Iliade d'Homère, par exemple, dont la philosophe Simone Weil avait déjà souligné le luxe de détails, parfois insupportable, dans les scènes de combats : ces lances qui traversent les yeux, ces cervelles qui coulent entre les fragments de casques brisés par l'impact… Étrangement, à les relire aujourd'hui, certains passages, horriblement réalistes, pourraient servir de sous-texte, alors qu'ils ont été écrits il y a vingt-neuf siècles, aux images de guerre – et parfois à ce qui ne mérite même pas le nom de guerre, actes de haine à l'état pur, comme le 7 octobre en Israël – libérées à jet continu par les puits sans fond que sont les écrans de nos smartphones. Au moins le texte d'Homère apportait-il une certaine consolation : ces atrocités avaient été déclenchées et attisées par des dieux réglant leurs comptes sur le dos d'une humanité ravalée au statut de jouet pour immortels pervers. Mais en 2023, responsables de tout, quelle consolation auront les hommes ? §