Les militaires colombiens rechignent à être commandés par l’ex-guérillero Gustavo Petro

Alors que les premières annonces du président Gustavo Petro, fraîchement élu le 19 juin, ont contribué à calmer les marchés et les politiques inquiets de l’arrivée au pouvoir du premier chef d’État de gauche de l’histoire du pays, les militaires rechignent encore à se soumettre.

D’après les mots d’un haut général interviewé par la revue Cambio :

“Il n’est pas bien vu au sein des forces armées, parce que c’est un élément qui était lié à un groupe armé qui nous a affrontés, qui a essayé de nous nuire. La perception est qu’un combattant démobilisé, étonnamment, devient soudainement notre commandant.”

Et il n’est pas le seul à le penser parmi les soldats qui ont accepté de parler à la revue, alors que le commandant de l’armée, le général Enrique Zapateiro, qui s’était déjà confronté verbalement avec Petro pendant la campagne présidentielle, a annoncé sa démission.

Pourtant, le dirigeant élu a été plutôt subtil jusqu’à maintenant. Il a nommé des vieux loups de mer aux ministères de l’Économie et des Relations extérieures, mais toujours personne au ministère de la Défense, qu’il a promis de placer sous contrôle civil.

Cette promesse faite au nom de la paix préoccupe aussi les policiers interviewés par Cambio, dans un pays encore en conflit avec des guérilleros de l’Armée de libération nationale (ELN), des groupes résiduels de paramilitaires et des narcotrafiquants, malgré l’accord de paix signé en 2016 avec les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Selon un haut commandant de police :

“Aujourd’hui, la charge de la poursuite d’une cible criminelle est répartie. La police fournit les renseignements ; l’armée, les forces spéciales ; la marine, les plateformes d’écoute ; et l’armée de l’air, la capacité de bombardement chirurgical. Cela serait perdu si, une fois de plus, la police entrait en concurrence avec les militaires et si un ministère […] voulait concurrencer le ministère de la Défense.”

Le rapport qui dérange

L’estocade pour les forces de l’ordre a eu lieu la semaine dernière, lors de la présentation du rapport de la Commission de la vérité sur les causes du conflit interne qui perdure depuis plus de cinquante ans, et qui fustige en partie les forces de l’ordre.

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