Migrants morts en mer : Caron demande une minute de silence à l’Assemblée, Braun-Pivet refuse

Yaël Braun-Pivet a justifié son refus en s’appuyant sur le règlement de l’Assemblée, qui veut que de tels hommages soient décidés en amont, en conférence des présidents.

POLITIQUE - Merci de rester assis. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a refusé, ce mardi 20 juin, la minute de silence dans l’hémicycle réclamée par le député LFI Aymeric Caron en mémoire des centaines de personnes disparues au large de la Grèce alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe.

Au moins 81 personnes ont perdu la vie le 14 juin, dans « l’un des pires naufrages les plus meurtriers jamais vus en Méditerranée », a rappelé Aymeric Caron lors des questions au gouvernement. Le bateau de fortune transportait plusieurs centaines de personnes à son bord – au moins 750, selon des témoignages –, dont de nombreux enfants. « En leur mémoire, je vous propose, chers collègues, mesdames et messieurs les ministres, que nous observions une minute de silence », a réclamé le député de Paris.

À ces mots, ses collègues de la NUPES se lèvent, tout comme ceux siégeant sur les bancs de Renaissance et jusqu’aux ministres présents, dont la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne. Mais l’élan est stoppé net par la présidente de l’Assemblée.

« Mes chers collègues, effectivement cette idée est formidable, mais (...) on ne fait pas de minute de silence de cette façon-là », déclare Yaël Braun-Pivet. La présidente de l’Assemblée nationale s’en remet au règlement : « La conférence des présidents est là pour ça, pour que nous puissions décider collectivement des moments pour lesquels dans cet hémicycle nous honorons les personnes disparues », assure-t-elle.

Le 8 juin dernier, pourtant, l’Assemblée nationale s’était spontanément recueillie en marge de l’attaque au couteau d’Annecy sur décision Yaël Braun-Pivet en direct depuis le perchoir.

La présidente de l’Assemblée nationale a opté pour une décision inverse ce mardi. « Vous devriez le savoir et j’en suis désolée, je suis navrée que vous m’obligiez à tenir ce genre de propos. C’est désolant parce que ce sont des moments qui doivent nous unir et pas nous désunir et des pratiques telles que celle-là nous déshonorent », ajoute Braun-Pivet à l’attention d’Aymeric Caron.

La gauche crie à l’« indignité »

Sans tenir compte de la décision de la présidente de séance, les députés insoumis ont conservé le silence, debout, quelques secondes. Aymeric Caron a ensuite repris la parole, alors que des exclamations fusaient. « Quelle honte », « Honteux », « indignité », « insupportable », « le naufrage est aussi dans l’hémicycle aujourd’hui » ont réagi la députée LFI Alma Dufour et plusieurs de ses collègues, après l’échange.

Si la décision de Yaël Braun-Pivet ne passe pas à gauche, elle n’est pas pour autant une première. Comme l’a rappelé un ancien collaborateur du Palais-Bourbon, le socialiste Claude Bartolone, président de l’Assemblée entre 2012 et 2017, avait refusé une minute de silence réclamée par l’écologiste Cécile Duflot après la mort de Rémi Fraisse dans une manifestation contre le barrage de Sivens. « Il est de tradition de saluer par une minute de silence les décès survenus parmi nos forces armées ou parmi les otages », avait-il lancé, en l’invitant à poser sa question.

« Je ne vois pas pourquoi l’improvisation de ce moment empêchait l’union », a pour sa part répondu Aymeric Caron à Yaël Braun-Pivet, avant de dénoncer « le silence gêné et coupable » autour de ce drame. « Nous laissons délibérément mourir des êtres humains parce qu’ils nous gênent. Ou que leur origine, leur couleur de peau ou leur religion ne nous convienne pas », a-t-il accusé.

Le bilan définitif du naufrage au large de la Grèce n’a pas encore été communiqué, une semaine après le drame. Mais seulement un peu plus d’une centaine de personnes ont pu être sauvées, laissant présager une issue effroyable pour des centaines d’autres.

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