Les migrants mexicains, pilier méconnu du système agricole américain

Seth Holmes, anthropologue, médecin et professeur à l’université de Berkeley (Etats-Unis), décrit dans un ouvrage récemment traduit et publié aux Éditions du CNRS l’organisation du système agricole traditionnel américain, dont la survie dépend en grande partie des migrants mexicains. Sciences et Avenir revient sur ce travail de terrain qui a valu à son auteur le prestigieux prix Margaret-Mead.

Seth Holmes a réalisé un travail remarquable sur l'état du système agricole traditionnel américain, en s’intéressant à la culture des aliments les plus bénéfiques pour la santé que sont les fruits et les légumes.

Un mois de cueillette, 400 personnes

Son étude met en lumière le rôle crucial des migrants mexicains sans lesquels la plupart des fermes américaines ne pourraient plus survivre : 70% de ces travailleurs saisonniers ne sont pas nés aux États-Unis, 90% viennent du Mexique et 36% se trouvent en situation irrégulière. De plus, la majorité de ces ouvriers sont payés à la tâche, recevant souvent un salaire de misère.

Passé les premières pages dédiées à sa démarche en tant que médecin et anthropologue, l’auteur nous plonge directement dans la description de son enquête de terrain. Afin d’être au plus près de la réalité, il a choisi de travailler avec les saisonniers et de partager leur route de l'exil.

Il a ainsi accompagné de jeunes Mexicains de l'ethnie Triqui depuis leur village, dans l'État d’Oaxaca, au sud-ouest du Mexique, jusqu'à une exploitation agricole située dans la vallée de Skagit, dans l’État de Washington. Son ouvrage documente minutieusement cette traversée périlleuse à travers le Mexique et les États-Unis, et détaille le passage clandestin de la frontière où ces hommes et ces femmes risquent leur vie.

La première exploitation agricole où il est arrivé avec ses compagnons d’infortune produit des fraises de la variété Northwest, créée par les ancêtres des propriétaires actuels de la ferme. Ces fraises sont réputées pour leur délicatesse, leur parfum et leur saveur. En raison de leur fragilité, elles ne supportent pas le transport et sont donc transformées sur place avant d'être vendues à de grandes entreprises agroalimentaires comme Häagen-Dazs, spécialiste de la crème glacée, ou utilisées dans la fabrication de yaourts.

La cueillette de cette variété dure environ un mois et elle emploie entre 350 et 400 personnes, la plupart clandestines et origina[...]

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