Midterms : Ron DeSantis, le Républicain qui menace Donald Trump pour 2024

Le gouverneur de Floride joue sa réélection aux élections de mi-mandat du 8 novembre, mais vise surtout la présidentielle 2024. L’ex-président Donald Trump ne compte pas se laisser faire.

ÉTATS-UNIS - Malgré sa défaite en 2020 (qu’il peine à reconnaître), Donald Trump ne lâche pas l’affaire. Si l’ex-président américain n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature pour 2024, les nombreuses allusions dans ses discours montrent son envie de revenir à la Maison-Blanche. « Afin de rendre notre pays prospère, sûr et plein de gloire, je pense très, très, très probablement le faire à nouveau », a-t-il encore répété jeudi 3 novembre lors d’un meeting dans l’Iowa.

Le parcours pourrait toutefois être long et sinueux, car une personnalité émerge au sein du parti républicain : Ron DeSantis, le gouverneur de Floride.

Donald Trump a bien conscience de cette menace, mais la guerre entre les deux hommes n’avait, jusqu’à récemment, jamais été exposée au grand jour. Ron DeSantis a mis un terme à toute ambiguïté fin octobre en soutenant Joe O’Dea, un candidat du Colorado pour le Sénat qui a promis de lutter contre l’ancien président si celui-ci briguait un nouveau mandat. « Une grosse erreur », a réagi sur sa plateforme Truth Social Donald Trump, pour qui la rupture est consommée.

Rancunier, il a même choisi d’ignorer superbement son adversaire et de ne pas l’inviter à son grand meeting de Floride du dimanche 6 novembre, où il va apporter son soutien au sénateur Marco Rubio qui concourt pour sa réélection. L’équipe de Ron DeSantis, aussi en lice pour un nouveau mandat aux midterms du mardi 8 novembre, l’a confirmé : le gouverneur ne se rendra pas au meeting de l’ancien chef de l’État.

Du tandem politique à la rupture

Quasi inconnu du grand public il y a quatre ans, Ron DeSantis a pourtant percé au niveau national grâce à... Donald Trump. Né en 1978 d’une mère aide-soignante et d’un père installateur de télés aux origines italiennes, il a poursuivi une scolarité dans les plus grandes écoles américaines, d’abord à Yale puis à Harvard. Outre ses succès académiques, il s’est aussi illustré au baseball. Après ses études, il a intégré la Navy, s’est rendu en Irak, puis a brièvement travaillé auprès du procureur fédéral de Floride. Rapidement, il s’est dirigé vers la politique.

Dès 2012, le républicain est élu à la Chambre des Représentants. Reconduit à deux reprises, en 2014 puis en 2016, il décide de briguer deux ans plus tard la tête de son État. Pour ce nouveau défi, il est loin d’être le favori mais il reçoit un soutien de taille : celui de Donald Trump, alors président des États-Unis.

Pour montrer la proximité entre eux, Ron DeSantis promeut les slogans trumpistes « Build the wall » et « Make America Great Again » avec ses enfants dans l’une de ses publicités de campagne. Grâce à cette nouvelle visibilité, il parvient à déjouer tous les pronostics et à l’emporter d’un cheveu face au candidat démocrate.

Quatre ans plus tard, Ron DeSantis est une personnalité assez forte pour se détacher de son mentor. Cette fois, le conservateur qui a son rond de serviette sur FoxNews n’a pas demandé le soutien de Donald Trump, au contraire. Depuis déjà plusieurs mois, le gouverneur, dont la réélection est quasi assurée, ne manque pas de critiquer l’ancien président. Loin d’être un modéré, ses orientations sont également très controversées.

Anti-LGBT et anti-migrants, DeSantis divise

Ron DeSantis s’est d’abord illustré pour sa gestion du Covid durant la pandémie, à rebours de toutes les recommandations des autorités. Dès mai 2020, il autorisait les Américains à se rendre sur les plages de Floride très vite bondées et dont les images ont fait le tour du monde. Puis, il annonçait la réouverture des écoles, alors que le nombre de contaminations était au plus haut. Dans le podcast conservateur Ruthless, le gouverneur a même regretté de ne pas s’être opposé plus fermement au confinement décidé par Donald Trump.

Plus récemment, le gouverneur de Floride a fait polémique avec sa lutte anti-LGBT+. En mars dernier, il a promulgué la loi surnommée « Don’t say gay » (« Ne parlez pas des gays »), interdisant d’enseigner des sujets en lien avec l’orientation sexuelle ou l’identité de genre à l’école primaire. Le texte a provoqué des remous jusqu’à la Maison-Blanche. Le patron de Disney World à Orlando, une ville de Floride, a également partagé son mécontentement. Réponse immédiate : Ron DeSantis a supprimé les avantages du parc, qui bénéficiait d’une autonomie de gestion et était exempté des réglementations de l’État.

Quelques mois plus tard, son instrumentalisation des migrants d’Amérique du Sud a de nouveau indigné la classe politique. Copiant les gouverneurs du Texas et de l’Arizona qui ont affrété des bus jusqu’à Washington et New-York, Ron DeSantis a envoyé deux avions remplis de migrants sur l’île de Martha’s Vineyard, lieu de villégiature prisé des ultra-riches dont les familles Obama et Clinton.

« Donald Trump avec un cerveau »

« Nous ne sommes pas un État sanctuaire, et il vaut mieux pouvoir aller dans une juridiction sanctuaire. Oui, nous aiderons à faciliter ce transport pour que vous puissiez aller vers des pâturages plus verts », s’est-il défendu, pendant que la Maison-Blanche dénonçait une « manœuvre politicienne (...) cruelle ». Un groupement d’associations a porté plainte contre le gouverneur.

Régulièrement qualifié de « Donald Trump avec un cerveau », Ron DeSantis ne cache pas vraiment son prochain objectif : 2024. Interrogé par son opposant démocrate lors d’un débat télévisé pour savoir s’il allait gouverner pendant quatre ans s’il était réélu, le gouverneur de Floride a complètement évité la question, rendant son intention claire et inquiétant encore un peu plus le magnat de l’immobilier qui prépare son retour.

La partie n’est pas encore gagnée. Si 4 Républicains sur 10 souhaitent que Ron DeSantis ait « beaucoup » d’influence dans le parti contre un tiers pour Donald Trump, ce dernier reste en tête quand il s’agit de la primaire pour 2024. L’ancien président a malgré tout des raisons d’être inquiet, car la progression de celui qu’il a érigé en principal adversaire est continue depuis des mois. Preuve qu’aux midterms, c’est aussi la présidentielle qui se joue.

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