Meurtre ou mort naturelle ? Retour sur le mystérieux décès de l'astronome Bernard Lyot

En 1931, Bernard Lyot révolutionne l'observation solaire avec la mise au point du coronographe. Vingt ans plus tard, appelé en Égypte pour y observer une éclipse, il décède brusquement. Meurtre ou mort naturelle ? Le mystère demeure.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°214 daté juillet/ septembre 2023.

Le Caire, gare centrale, 2 avril 1952. À sept heures du matin, il fait déjà très chaud. Bernard Lyot monte à bord du train de banlieue qui doit le conduire à l’observatoire d’Helouan, au sud-ouest de la ville. L'astronome français veut vérifier encore une fois les clichés de la couronne solaire qu'il a pris lors de l'éclipse totale du 25 février précédent. C'était à Khartoum, la capitale d'un Soudan tout juste annexé par l'Égypte du roi Farouk, soutenu par les Anglais.

Bernard Lyot n'avait pas prévu ce voyage en Égypte et au Soudan

À 55 ans, Lyot a déjà un long passé d'observateur solaire. C'est même le meilleur de sa génération, au point qu'il a été le plus jeune académicien élu, en 1939, à l'âge de 42 ans. Il faut dire que, huit années auparavant, il avait révolutionné sa discipline en inventant un nouvel instrument, le coronographe, qui, comme son nom l'indique, permet d'observer la couronne, cette "atmosphère" du Soleil diffuse, en tout temps - dégagé. Une étude qui n'était jusque-là possible que lors des éclipses totales. Par un jeu subtil de lentilles et de diaphragmes, le coronographe occulte parfaitement le disque solaire, laissant apparaître la majestueuse couronne.

Bernard Lyot n'avait pas prévu ce voyage en Égypte et au Soudan. Il aurait souhaité se concentrer sur l'éclipse qui allait avoir lieu en Suède, le 30 juin 1954, ce qui lui aurait permis de travailler avec un spécialiste de la lumière émise par la couronne, Bengt Edlen. Mais c'était compter sans son "patron", André Danjon, directeur de l'Observatoire de Paris, qui l'avait poussé à accéder à la demande de son homologue égyptien : le docteur Madwar, directeur de l'Observatoire d'Helouan, voulait "le meilleur astronome du monde" pour diriger son équipe lors de l'éclipse de 1952. Une observation courte, 3 minutes et 9 secondes, mais prometteuse car Khartoum se trouvait pile sur sa ligne de ce[...]

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