#MeToo: Mathieu Kassovitz dénonce l'hypocrisie "lamentable" du cinéma français

Alors que la vague #MeToo déferle enfin sur le cinéma français, Mathieu Kassovitz prend la parole. Quelques jours après une cérémonie des César marquée par le discours de Judith Godrèche pour dénoncer l'omerta autour des violences sexuelles, l'acteur du Bureau des légendes se joint à son appel au micro de BFMTV:

"Je voudrais voir plus de femmes qui mettent des tartes dans la gueule des mecs", déclare l'acteur, bientôt à l'affiche du film Les Rois de la piste.

"Je voudrais voir plus de femmes dans les cours d'arts martiaux, de MMA, de self-defense", poursuit-il. "Personne ne peut se permettre de parler comme ça, de te toucher comme ça, donc il faut apprendre à se défendre contre ça aussi."

Et d'ajouter: "On a tous été des jeunes hommes, on a tous des avis sur les femmes et on a tous rencontré des femmes qui nous ont retourné la tête dans un sens ou dans l'autre. On a tous fait des conneries et c'est en se faisant donner une leçon qu'on apprend et qu'on grandit."

"Personne ne gueulait"

Le cinéma français traverse une période d'introspection similaire à celle qu'a connue le monde du divertissement américain, il y a près de sept ans, dans le sillage de l'affaire Weinstein. D'abord par le biais de l'affaire Depardieu, poursuivi en justice par plusieurs femmes pour viols et agressions sexuelles.

Mais aussi depuis la prise de parole de Judith Godrèche, qui a déposé plainte pour viol sur mineure contre les cinéastes Benoît Jacquot, dont elle a partagé la vie lorsqu'il avait 39 ans et qu'elle en avait 14, et Jacques Doillon. L'actrice de 51 ans a donné un discours vibrant sur la scène des César, vendredi à l'Olympia, pour appeler à se saisir du fléau. Au sujet de cette prise de parole, Mathieu Kassovitz dénonce une forme d'hypocrisie du milieu du 7e art:

"Je trouve aussi lamentable qu'aux César, toute la salle s'offusque (alors que) la majeure partie des gens qui étaient dans la salle étaient des gens qui étaient en place quand ses films sont sortis, à Benoît Jacquot. Quand ses films sortaient, moi j'étais horrifié par la vie qu'il racontait. Tous ces gens-là applaudissaient, il allait à Cannes, aux César... C'était ça le cinéma français, c'était ces gens-là. Et quand tu les voyais mariés à une femme de 14 ans personne ne gueulait, tout le monde trouvait ça incroyable, hyper romantique. Qu'aujourd'hui ils retournent leur veste comme ça je trouve ça dégueulasse."

"Il faut résister à la force"

Fanny Ardant, qui donne la réplique à Mathieu Kassovitz dans le nouveau film de Thierry Klifa, encourage quant à elle les femmes à prendre la parole: "Souvent ce qui se passe n'est pas au vu et au su de tout le monde. Je pense toujours qu’il faut résister à la force. Il ne faut pas avoir de complaisance avec la force, avoir peur de perdre son rôle ou de déplaire. Si vous osez parler, que ce soit sur un tournage ou au Sénat... c’est toujours le fait de dire ce qu’on pense."

Judith Godrèche est entendue aujourd'hui au Sénat par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Article original publié sur BFMTV.com