Metin Arditi, l’état de grâce littéraire

Metin Arditi nous offre un nouveau roman méditerranéen.  - Credit:Jean-Francois Paga/opale.photo
Metin Arditi nous offre un nouveau roman méditerranéen. - Credit:Jean-Francois Paga/opale.photo

Été 1950, Saint-Spyridon, île grecque – imaginaire – à quelques milles des côtes turques. Sous un soleil tyrannique, crevant de chaud, de faim ou de chagrin, les habitants endurent. Morts à la guerre – mondiale ou civile –, les hommes. Affamées, les femmes. Condamnées à écosser des fèves et à se mutiler à coups de clous bénits chez les nonnes rigoristes, les jeunes filles qui n'ont d'autre choix que le couvent pour survivre.

Comme Clio, « petit animal prêt à bondir », qui n'a que 13 ans lorsqu'elle entre dans un couvent qui ressemble à un mystère douloureux du Rosaire, « le seul monastère où chaque moniale et chaque novice partageait son sang avec celui du Christ ». Juste avant, elle faisait le ménage chez Odile, « la Française », passionnée de Grèce, de feu son mari et de photographie – et dont la fille Pénélope s'évapore mystérieusement.

Poirot à la grecque

Mais, si cette disparition offre à l'histoire un goût délicieux de Poirot à la grecque, le cœur du roman est ailleurs, dans la délicate et enchanteresse question de la représentation du corps et de l'âme, récurrente chez Arditi. Photographiées par Clio dans la moiteur des cellules et exposées par Odile dans les galeries parisiennes, les prises de vue des religieuses, de leurs cheveux, de leur peau, de leurs stigmates crèvent l'objectif et les pages.

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