Mer, terres agricoles, sols... Sur la biodiversité, l’UE adopte un texte phare : voici ce qu’il contient

En Europe, plus de 80 % des écosystèmes naturels sont en mauvais état. Photo d’illustration d’’étangs asséchés le 11 août 2023 près de Joyeux dans le plateau de la Dombes, en France.
JEFF PACHOUD / AFP En Europe, plus de 80 % des écosystèmes naturels sont en mauvais état. Photo d’illustration d’’étangs asséchés le 11 août 2023 près de Joyeux dans le plateau de la Dombes, en France.

ENVIRONNEMENT - Un accord décisif pour l’environnement, après des mois de batailles politiques. Le Parlement européen et les États membres de l’Union européenne sont finalement parvenus à s’entendre sur l’épineuse question de la restauration de la nature et la biodiversité, ce jeudi 9 novembre tard dans la soirée.

La loi pour sauver les écosystèmes européens en passe d’être rejetée à Bruxelles

Cet « accord historique » va permettre à l’Europe « de se doter d’un texte fondateur pour la préservation de la biodiversité », a salué la première ministre Élisabeth Borne ce vendredi. « Jusqu’à présent nous avions des règles pour protéger les espaces naturels les plus remarquables, mais nous n’en avions pas pour restaurer la nature là où elle est déjà dégradée », détaille le député européen Pascal Canfin, Président de la Commission européenne de l’environnement.

Restaurer les champs, les forêts, les écosystèmes marins

En Europe, plus de 80 % des écosystèmes naturels sont en mauvais état : des champs surexploités, des fonds marins abîmés, des forêts coupées, des sols pollués… Ce nouveau texte imposera donc aux pays membres de mettre en œuvre des mesures pour restaurer la nature sur au moins 20 % des terres et des espaces marins de l’Union d’ici 2030, selon un communiqué du Conseil européen, qui représente les 27 États membres.

Concrètement, cela concerne les zones humides, les forêts, prairies, rivières, mais aussi les espaces marins. L’accord s’applique également en partie aux terres agricoles, et recommande par exemple d’y planter des haies et des arbres et de favoriser le retour des pollinisateurs. « Si on ne le restaure pas maintenant, on sait que le système agricole va lâcher. On va vers des déserts biologiques », indiquait précédemment au HuffPost Didier Alard, professeur en écologie de la conservation à l’université de Bordeaux.

Un accord affaibli par les négociations avec le PPE

Si des critiques ont pointé du doigt les éléments ayant été édulcorés, sur les enjeux marins, les associations se montrent plutôt satisfaites

L’accord « est loin de ce qui est nécessaire pour faire face à la crise de la biodiversité, mais en ce qui concerne l’océan c’est une étape cruciale vers la restauration de la précieuse vie marine qu’il abrite », a ainsi estimé Tatiana Nuno, haute responsable de la politique marine pour l’association environnementale Seas At Risk.

« Bien que considérablement affaiblies par le Conseil, les dispositions relatives à la pêche dans la loi constituent une tentative de mise en cohérence des politiques de l’environnement et de la pêche qui aurait dû être faite il y a bien longtemps », s’est exprimé Vera Coelho, vice-présidente adjointe de l’organisation Oceana in Europe.

Le Parti populaire européen (PPE, droite) qui avait tenté de faire abandonner le texte, plus tôt en 2023, a lui salué la suppression de « l’obligation de renaturer 10 % des terres agricoles ». Il a réussi à imposer un mécanisme d’urgence qui permettra de faire sortir les terres agricoles de l’accord en cas de force majeur. Avant les négociations entre les États membres et le Parlement, la formation avait notamment argué que le texte allait mettre à mal la sécurité alimentaire en Europe.

Pas moins de 3 300 scientifiques avaient alors publié une lettre ouverte, démontant point par point les arguments de la droite. Des élus de gauche et du centre avaient alors accusé le PPE, qui mise sur le vote agricole, de se servir du projet législatif dans l’optique des élections européennes de 2024.

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