Le meeting de campagne de Kanye West provoque des réactions inquiètes sur sa santé mentale
La candidature de Kanye West à la présidentielle américaine prend-elle une tournure inquiétante? Après son premier meeting dimanche en Caroline du Sud, la santé mentale de celui qui a déjà évoqué ses troubles psychiatriques pose question.
"Kanye West est parti dans tous les sens", estime Cédric Faiche, correspondant de BFMTV à New York, dans l'émission Bonsoir Alice. Le rappeur a généré "de la confusion et de la gêne" en évoquant ses positions troubles sur l'avortement, en assurant que la militante anti-esclavage Harriet Tubman n'avait "jamais vraiment libéré les esclaves" mais "juste fait travailler les esclaves pour d'autres Blancs", et en sanglotant en pleine allocution:
"Il a fondu en larmes en expliquant que ses parents avaient failli demander l'avortement lorsque sa mère était enceinte de lui, puis il a confié que lui et sa femme Kim Kardashian avaient failli faire la même chose avec sa fille aînée. En même temps, il dit qu'il est pour l'avortement et qu'on devrait offrir un million de dollars à chaque femme enceinte pour éviter qu'elle ait besoin d'avorter."
Une hospitalisation il y a quatre ans
Kanye West, qui s'illustre depuis des années par une mégalomanie assumée, a déjà évoqué ses troubles mentaux. Le rappeur de 43 ans a été hospitalisé en 2016 à Los Angeles pour "épuisement". D'après le site américain TMZ, il avait été admis dans une unité psychiatrique. "Je n'ai jamais été diagnostiqué avant mes 39 ans", avait-il déclaré deux ans plus tard, sans préciser de quel trouble il souffrait. La pochette de son album Ye, sur laquelle on peut lire "Je déteste être bipolaire, c'est génial", laisse peu de place au doute.
Autant d'informations qui provoquent l'inquiétude des spécialistes outre-Atlantique, après ce meeting: "Kanye West va mal, et se rendre à son meeting, c'est comme payer pour regarder un homme blessé saigner dans la rue", tweete Jelani Cobb, professeur de journalisme à l'université de Columbia, qui écrit pour le New Yorker. "Ça ne me donne plus envie de rire. Il se passe quelque chose de très grave", abonde Emma Vigeland, journaliste pour l'émission politique The Young Turks diffusée sur YouTube. Eugene Gu, médecin américain aux 495.000 abonnés, explique:
"Les personnes qui souffrent de troubles mentaux ne tiennent pas toujours des propos corrects. Cela ne veut pas dire qu'ils sont racistes ou misogynes. Les juger sur ces prises de paroles alors qu'ils ont besoin d'aide est cruel. Nous devrions simplement faire preuve de compassion et encourager Kanye West à se faire soigner."
"La maladie dicte son rythme"
Et si cette campagne inhabituelle était une mise en scène? Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre et auteur du livre Pop&Psy, balaie cette théorie dans les colonnes du Huffington Post:
"Ces images montrent que la maladie dicte son rythme", estime-t-il. "Il a l’air en état de détresse avancé, avec un discours partiellement incohérent, des idées qui n’ont pas l’air très étayées ni politiquement ni intellectuellement, de la confusion."
Les premiers éléments liés à sa candidature, annoncée le 5 juillet dernier par un simple tweete (cinq mois seulement avant l'élection) avaient déjà soulevé quelques sourcils. Notamment son ébauche de programme, dévoilée dans une interview pour Forbes. Le rappeur y exprimait notamment son intention de s'inspirer du Wakanda, la pays fictif de Black Panther, et de nommer son parti le Birthday Party: "Parce que quand on gagnera, ce sera l'anniversaire de tout le monde", assurait-il.