« McDonald c’est l’esprit de l’Italie », dans la botte cette petite phrase agace

« McDonald c’est l’esprit italien », dans la botte cette petite phrase agace
« McDonald c’est l’esprit italien », dans la botte cette petite phrase agace

FOOD - « Le cheddar des burgers c’est vraiment l’esprit des fromages français ». Cette phrase vous choque ? C’est un peu ce que vivent en ce moment les Italiens… Et c’est la faute du président de la plus importante organisation agricole italienne, Coldiretti.

Alors que depuis 2018, McDonald et l’organisation ont signé un partenariat, le 16 mars lors d’une conférence à l’auditorium Ara Pacis, à Rome, Ettore Prandini président de la Coldiretti,a commis l’erreur de déclarer que McDonald’s représentait « l’esprit italien ». Et il ne s’est pas arrêté là rapporte la version italienne du HuffPost : « McDonald’s c’est l’esprit italien, notre excellence, notre biodiversité ».

« Le travail que McDonald’s et Coldiretti promeuvent est de fournir des informations précises aux consommateurs et aux citoyens, en ce qui concerne la durabilité qui a conduit le pays à être un point de référence dans le monde entier », a encore renchéri le patron de la plus grande association agricole d’Italie, créée en 1944, dont l’influence irradie sur les pratiques des producteurs et distributeurs, et qui compte plus de 1,5 million de membres.

Des déclarations aboutées par la présence lors de cette conférence du ministre de l’Agriculture italien, Francesco Lollobrigida. Le même qui a annoncé il y a quelques jours la candidature de la cuisine italienne au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Rien à voir avec « l’excellence » de l’alimentation italienne

Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère de « Slow Flood », le mouvement international qui sensibilise les citoyens à une gastronomie plus écologique. L’organisme a d’ailleurs été créé en 1986 par Carlo Petrini après un mouvement protestataire contre l’implantation d’un McDonald au cœur de Rome.

Depuis, Slow Food dénonce régulièrement les tentatives du géant du fast food de s’approprier la cuisine traditionnelle italienne.

Quelques heures après les déclarations d’Ettore Prandini, l’association est intervenue expliquant dans un communiqué, publié par le quotidien la Reppublica, pourquoi « les mots sont importants » et que ce partenariat n’avait rien de « durable ».

« L’accord peut avoir une valeur commerciale importante, ont écrit les responsables de Slow Food en référence aux emplois qui sont soutenus grâce à ce partenariat, mais il ne peut pas être présenté comme une opération culturelle et sociale qui mène à l’excellence, à la valorisation de la biodiversité et du Made in Italy, à la durabilité, au bien-être des animaux... ». Selon l’association, l’excellence de l’alimentation italienne «  est le fruit de la beauté et de la diversité des paysages, de producteurs qui ont des histoires à raconter ».

En 2022, Mcdo a mis à la carte du Parmesan, mais aussi de la mozzarella et du pecorino. En 2023, ce sont les « tomates Pachino IGP (Indication géographique protégée NDLR) » qui ont été introduites dans les menus. Le fast food a en effet signé un protocole avec des labels de tomates durables, sous l’égide du ministère de l’Agriculture, pour l’achat de 250 000 kg pendant un an, d’après l’Ansa, l’agence de presse italienne.

Les restaurants McDonald en Italie se targuent depuis plusieurs années déjà de proposer des produits d’appellations protégées (AOP, IGP) et de respecter la gastronomie italienne. Mais de nombreuses polémiques ont déjà éclaté, notamment quand le célèbre fabricant italien de pâtes Barilla s’était associé à la chaîne pour lui fournir des « penne » en 2013, comme le racontait Courrier International à cette époque.

Ailleurs dans la presse italienne, la sortie du président Prandini a été aussi commentée. Dans une tribune publiée dans la Reppublica le 18 mars, le journaliste, essayiste et humoriste Michele Serra n’y va pas de main morte : « Quelle que soit la collaboration entre Coldiretti et McDonald’s, et aussi vertueux que soient les objectifs, on ne peut vraiment pas comprendre les propos de Prandini, à moins qu’une tomate Pachino, une tranche d’Asiago ou une lamelle de Parmesan suffisent à célébrer le triomphe de la biodiversité italienne ».

« L’italianité », oxymore du « régime méditerranéen »

Une formule revient par ailleurs plusieurs fois dans les critiques : « l’italianità », qui pourrait être traduit en Français par ce qui est propre à la culture italienne. « L’italianité, cela n’a rien à voir avec des opérations de marketing visant à italianiser, en y ajoutant des ingrédients locaux, une formule gastronomique qui représente la plus standardisée que l’industrie alimentaire mondiale ait jamais conçue », martèle Slow Food.

Pour appuyer son propos, elle rappelle également les dangers des repas servis dans les fast-food : « une alimentation déséquilibrée à base de boissons sucrées et d’aliments surtransformés, riches en sel, en conservateurs et en additifs. Une alimentation très éloignée du régime méditerranéen, patrimoine immatériel de l’Unesco, gage de santé et de longévité pris comme modèle dans le monde entier.  »

Le récit de McDonald risque d’embrouiller encore plus les citoyens, conclut Slow Food, « au lieu de les aider à faire des choix fondés sur la prise de conscience des impacts sanitaires et environnementaux. »

À voir également sur Le HuffPost :

« Top Chef » saison 14 : des émissions plus courtes, sauf pour Hélène Darroze

Neymar au McDo, Mbappé au dodo ? Galtier appelle à éviter les amalgames