"Les mauvais policiers font juste plus de bruit": pour Théo, son procès n'était pas celui des violences policières

Trois policiers ont été condamnés à des peines de prison avec sursis vendredi 19 janvier pour l'interpellation violente de Théo Luhaka en 2017. Érigé depuis en symbole des violences policières, le jeune homme refuse de mettre tous les policiers sur le même plan.

"Les mauvais policiers font juste plus de bruit": pour Théo, son procès n'était pas celui des violences policières

Il ne se voit pas comme un symbole. Théo Luhaka, 29 ans, s'est confié à BFMTV ce dimanche 21 janvier, après l'annonce vendredi de la condamnation de trois policiers pour son interpellation violente en 2017. Érigé depuis en emblème par des associations de lutte contre les violences policières, le jeune homme assure que son procès n'était pas celui de la police.

"Il y a de mauvais policiers, il y a de bons policiers, malheureusement, c'est juste que les mauvais policiers font plus de bruit", estime-t-il, refusant de mettre tous les membres des forces de l'ordre dans le même sac.

À ceux qui disent que son procès est celui de la police, il répond: "ils se trompent. Des policiers sont venus me voir pour me dire: 'ce ne sont pas mes collègues, on ne les connaît pas'".

De 3 à 12 mois de prison avec sursis

Trois policiers ont été condamnés à des peines allant de 3 à 12 mois de prison avec sursis vendredi par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis.

Ce verdict, rendu sept ans après les faits, était très attendu alors que la question de l'usage de la force par les policiers ne cesse de ressurgir, en particulier depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un fonctionnaire lors d'un contrôle routier en juin 2023.

La mère de Nahel, ainsi que le producteur de musique victime d'une interpellation violente en 2020 Michel Zecler, étaient d'ailleurs présents lors de l'énoncé du verdict vendredi. "Ils m'ont apporté leur soutien et ils m'ont dit de rester fort", assure Théo Luhaka.

"Je peux comprendre la colère"

Interrogé sur la colère exprimée notamment par certains habitants d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, et par des militants contre les violences policières, estimant le verdict trop clément, Théo Luhaka dit toutefois l'entendre.

"Je peux comprendre", dit-il.

"(Ce qui a été surnommé l'affaire Théo) c'est l'affaire de la société, ce n'est pas que mon affaire", estime-t-il, faisant écho aux propos de sa sœur Aurélie Louvel.

"La justice reconnaît que ces hommes se sont comportés de manière inacceptable (...) L'avocat général a compris que Théo n'a pas menti, c'est très important aujourd'hui", avait-elle encore salué vendredi sur notre antenne.

"Content" d'être reconnu comme victime

Alors que le policier auteur du coup qui causé le handicap de Théo Luhaka a assuré lors du procès avoir aujourd'hui des "regrets", le jeune homme de 29 ans assure qu'il "ne lui en a jamais voulu".

"Qu'il ne soit plus policier, c'est mieux pour tout le monde", appelle-t-il cependant.

Théo Luhaka s'est dit "content" d'avoir été "entendu" et reconnu comme victime après l'énoncé du verdict. Il a cependant rappelé qu'il était "handicapé à vie", souffrant notamment d'incontinence, depuis cette agression. "Psychologiquement, ça détruit", a-t-il confié.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Affaire Théo: la condamnation des policiers est "une victoire", réagit son avocat