Mathieu Belezi invoque « Apocalypse Now » en Algérie

Le romancier français Mathieu Belezi. - Credit:EDOARDO DELILLE pour Le Monde
Le romancier français Mathieu Belezi. - Credit:EDOARDO DELILLE pour Le Monde

Mathieu Belezi, né en 1953, entretient un certain mystère sur sa personne, mais en déclare l'obsession en ayant au fil des années construit une œuvre centrée sur l'Algérie coloniale. Son nouveau roman, retravaillant une première mouture parue en 2011 chez Flammarion, pourrait en constituer le point d'orgue, tant il récapitule en forme d'apocalypse l'histoire et la chute d'une illusion. Augusto Roa Bastos avait autrefois imaginé avec Moi, le suprême le monologue d'un dictateur sud-américain. Avec Moi, le glorieux, Belezi poursuit une inspiration jumelle : rendre compte du crépuscule de l'Algérie française dans une couleur comme latino-américaine.

Narrateur en première personne, Albert Vandel, dit Bobby la baraka, est l'un de ces grands colons qui a bâti sa fortune agraire sur l'exploitation de milliers d'hectares de vignes et d'agrumes, ne reculant devant aucune spoliation, aucune concussion. Au milieu de ses pairs, rois de l'alfa et seigneurs blancs de la Mitidja, il est ici campé à l'heure de la débâcle : année 1962, nihilisme meurtrier de l'OAS, déchaînement final du FLN. Quittant sa somptueuse villa des hauteurs d'Alger, il trouve refuge dans le bordj Saint-Léon, une redoute gardée par une quinzaine de légionnaires ayant fait défection.

Romanité impériale

Cette forteresse d'un possible Little Big Horn, d'époque Michel Debré, abrite les projections mentales de ce personnage cynique et truculent, sorte de Trimalcion sur fauteuil roulant que hantent des anamn [...] Lire la suite