Martin Scorsese prend la défense de la Clef, petit cinéma indépendant de Paris

Le réalisateur Martin Scorsese ( ici le 20 novembre 2022 à New York ) combat avec ferveur, dans une tribune, la fermeture des petites salles de cinéma et apporte tout son soutien au collectif La Clef Revival.
Le réalisateur Martin Scorsese ( ici le 20 novembre 2022 à New York ) combat avec ferveur, dans une tribune, la fermeture des petites salles de cinéma et apporte tout son soutien au collectif La Clef Revival.

CINEMA - Même outre-Atlantique, la pérennité des petites salles de cinéma compte. Le collectif de défense du cinéma La Clef, qui a occupé pendant plus de deux ans la salle parisienne, a annoncé ce mercredi 26 avril avoir signé un compromis d’achat et relance un appel aux fonds pour réunir 600.000 euros, dans l’espoir d’une réouverture en janvier 2024.

Les cinéastes et acteurs Mathieu Amalric, Olivier Assayas, Robin Campillo, Leos Carax, Alain Cavalier, Agnès Jaoui et même le réalisateur américain Martin Scorsese comptent parmi les soutiens et donateurs du collectif La Clef Revival. « Je vais aller droit au but : La Clef doit rester une salle de cinéma », martèle également le réalisateur de « Taxi Driver » dans une tribune pour Libération ce mercredi 26 avril.

« Nous pensions que l’art cinématographique bénéficierait d’un minimum de respect. Mais aujourd’hui, il est constamment tourné en dérision, de tous côtés, et sur les plateformes de streaming, tous les films ont été dévalués au rang de « contenu », un mot pour lequel j’éprouve une haine pure et simple », cingle le réalisateur en ajoutant : « Chaque salle compte ; chaque salle porte en elle la trace de toutes les personnes qui s’y sont réunies pour regarder un muet de Lubitsch, un classique de Souleymane Cissé, ou le dernier film de Paul Thomas Anderson ou d’Alice Rohrwacher ».

Le cinéma comme « bien commun »

Le collectif La Clef Revival a conclu un accord devant notaire pour racheter les lieux d’une superficie de 800 m2 pour 2,9 millions d’euros, contre 4,2 millions au départ. Le compromis d’achat a une validité de six mois.

D’ici là, pour compléter un prêt bancaire garanti, le collectif relance un appel aux donateurs pour réunir 600.000 euros. Une campagne de financement auprès du grand public, toujours en cours, a déjà collecté 200.000 euros. Des mécènes, dont des personnalités du 7e art, ont déjà contribué à hauteur de 600.000 euros.

« C’est le début du compte à rebours : le fonds de dotation doit réunir la totalité de la somme avant le 26 octobre 2023 », soulignent les représentants du collectif « pour faire de ce cinéma de quartier un bien commun, qui permettra de le soustraire définitivement aux pressions spéculatives ».

Dans la perspective de la finalisation du rachat et de la réouverture, un accord a été finalisé avec le Centre national du cinéma - CNC - pour mettre en place une billetterie à prix libre, selon la philosophie du collectif de défense.

« Les cinéastes ici aux États-Unis vous soutiennent »

Le projet de réouverture comprend des projections quotidiennes mais aussi des ateliers d’éducation à l’image, un café associatif et une résidence d’écriture de scénarios.

Le cinéaste à l’origine entre autres du loup de Wall Street ou encore des Affranchis s’est engagé publiquement à soutenir le collectif : « Ces dernières années, La Clef a été occupée par des personnes dévouées à l’art du cinéma. Les propriétaires veulent le vendre sans se soucier trop de ce que deviendra cette salle si appréciée à une époque où il est de plus en plus difficile pour les cinémas de survivre », a déclaré Scorsese dans un appel vidéo aux dons rendu public ce mercredi.

De septembre 2019 à mars 2022, ce cinéma d’art et d’essai situé dans le quartier latin, dernière salle associative parisienne, avait été occupé par un collectif de citoyens et de cinéphiles - finalement expulsés - opposés à une opération immobilière qui aurait entraîné sa disparition. Le comité d’entreprise des Caisses d’Épargne est propriétaire des murs.

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